Ici je ne vais pas vous parler du démontage d’une cassette, qui franchement ne pose absolument aucun problème, mais de l’extraction d’une roue libre, une vraie, à l’ancienne ; ce truc lourd, rustique, vissé directement sur le moyeu… et non pas un simple empilement de pignons.
Séparer une roue libre de sa roue (tout court) peut faire peur, surtout pour les modèles à 2 encoches réputés récalcitrants, mais pas de panique, c’est très simple vous allez le voir, mais il y a une ou deux astuces à connaître.
Question extraction, il y a deux grandes familles : à cannelures (en haut) ou à ergots (en bas), et chaque famille connaît de nombreuses variantes.
Voici quelques outils (il en existe bien d’autres) pour démonter votre roue libre. On s’en sert habituellement à l’aide d’une clé plate ou à œil. Pitié, pas de pince multiprise ou de pince étau pour supporter (proprement) l’effort à transmettre.
Certains outils ne sont pas vraiment conçus pour recevoir des efforts répétés afin de libérer les roues libres récalcitrantes.
Ici, à gauche, les faces d’appui recevant la clé ne sont pas bien larges, mais encore en bon état. À droite, sacrifier et souder une clé plate bon marché a été nécessaire pour continuer à se servir de cet outil.
Les pièges à éviter :
On ne libère pas une roue libre en dévissant l’anneau central (flèches rouges)… à moins de vouloir se retrouver avec billes, cliquets et ressorts en vrac par terre ! Seul l’outil venant contre les encoches ou les cannelures (zones vertes) est fait pour cela.
Par flemme ou parce qu’on ne dispose pas de l’outil sous la main ; le burin, le chasse-goupille, le tournevis et le marteau... Tout ce qui peut prendre appui directement à la sauvage sur les modèles à encoche est une technique d’apprenti boucher. C’est franchement une mauvaise idée. OK, dans certains cas où la roue libre n’est pas trop serrée, ça peut fonctionner… mais les encoches en sortiront rarement indemnes.
Voici des encoches en bon état (photo de droite) après utilisation correcte de l’outil correspondant. Les deux photos du milieu sont sans doute le résultat d’une extraction à la sauvage ! À gauche, cela ressemble plutôt à un outil qui aurait ripé. À ce stade, un outil de bonne qualité, et surtout correctement monté comme nous allons le voir, sortira la roue libre sans problème.
Mais voici encore pire, sur cette photo tout est massacré, et la roue libre peut rester bien serrée sur son moyeu !
À ce stade, se procurer l’outil qui va bien est inutile.
Aucune chance qu’il entraîne les ergots ravagés, il ripera et sera lui aussi détruit !
Est-ce que tout cela en vaut bien la peine ? Si vous êtes convaincu que non, voilà comment faire…
Une extraction dans les règles de l’art :
Premièrement, il vous faut l’outil adéquat, c’est une évidence, mais elle est bonne à rappeler. Si vous avez besoin que d’un ou deux modèles pour vos vélos, ça ne revient pas bien cher. Sinon, ou pour un usage très ponctuel, sachez que c’est de l’outillage basique pour tout atelier associatif digne de ce nom.
Ici tout va bien, l’axe de roue ne gêne pas l’insertion de l’outil.
Surprise, parfois l’axe ne permet pas d’insérer l’outil. Je sais, c’est agaçant, mais c’est comme ça !
Pas le choix, il faut donc le retirer… Et sans perdre de billes, naturellement !
Si tout a été bien graissé (car vous entretenez scrupuleusement vos montures, n’est-ce pas ?) et que la roue reste verticale ; généralement les billes restent aussi en place le temps de l’opération, mais retirez quand même l’axe tout en douceur pour guetter les billes baladeuses… et les récupérer au besoin. Notez l’emplacement des pièces présentes sur l’axe pour le remonter correctement à la fin.
Vous pouvez maintenant insérer l’outil.
Et voilà…
Sauf que rien ne le guide. Sans la présence de l’axe de roue, l’outil se retrouve en porte-à-faux… Et ce n’est pas terrible, mécaniquement parlant.
Attention, il ne faut donc pas essayer de desserrer directement avec la clé. L’outil a toutes les chances de riper à l’effort… et de se faire massacrer, ou de labourer les encoches ou cannelures de la roue libre.
Il faut toujours sécuriser l’outil en le serrant sur l’axe, à l’aide :
- d’un écrou (ou papillon) si l’axe plein est en place (repère 1),
- ou d’un serrage rapide en cas d’axe creux (repère 2),
- et si l’axe a dû être retiré, à l’aide d’une tige filetée traversante (repère 3).
Il faudra éventuellement rajouter des rondelles pour que tout soit fermement en appui. Puis serrer fort, à la main. Certains « experts » vous diront de laisser un peu de jeu… Au risque d’en vexer certains, c’est une connerie monumentale bien trop répandue ! Laissez du jeu, même minime, c’est risquer que tout ripe. Serrer fermement à la main empêchera de riper, mais n’empêchera pas de débloquer la roue libre du moyeu ; si, si !
A contrario, et vous l’aurez compris, ne pas tout bloquer en serrant comme un bourrin à la clé. Non ; fermement à la main vous dis-je !
On peut maintenant y aller. Roue bien verticale entre les jambes, montée avec son pneu c’est mieux. Au pire avec une bonne couche de chiffons pour ne pas marquer ou déformer la jante en cas d’efforts parfois très importants… et poussez la clé à gauche (sens antihoraire, roue libre vers vous) d’une main, l’autre tenant fermement le haut de la roue. Ça ne vient pas forcément tout de suite. C’est même normal que ça résiste, mais la roue libre se désengagera toujours dans ce sens. Poussez plus fort, très fort même. Si ça ne vient pas, tenir la roue bien verticale des deux mains, et pousser du pied sur la clé ; c’est un peu acrobatique mais donne plus de force ! L’aide d’un bon coup de maillet bien franc (pas de marteau, merci) peut être nécessaire en dernier recours…. après avoir contrôlé que l’outil est toujours solidement verrouillé sur l’axe. Et crac, vous sentez que l’outil a tourné d’un coup puis s’est rebloqué. Pas de panique, c’est normal. Mieux, c’est gagné !
La roue libre est maintenant débloquée. Desserrez légèrement l’axe qui comprime l’outil sur la roue libre. Tournez l’outil sur la gauche (avec la clé si la roue libre résiste encore un peu, et répétez l’opération en desserrant l’axe progressivement. Quand l’outil tourne sans effort, libérez-le de l’axe et finissez de dévisser la roue libre à la main.
Voilà, c’est la seule façon correcte de faire sans prendre le moindre risque de massacrer quoi que ce soit ! Alors, facile, non ?
Voir cet article pour les roues libres à encoches larges, dont il est très difficile de trouver un outil spécifique pour en assurer l’extraction.
Pour aller plus loin, et démonter la roue libre proprement dite (en séparer les pignons), voir cet article.