Franchement, pourquoi chercher à fabriquer son propre extracteur de pédalier – à emmanchement carré – quand on en trouve déjà à la pelle, du chinois médiocre à des modèles plus aboutis ? Il y en a pour tous les goûts : du tout-venant de 22mm au plus exotique 23mm, en passant par la bizarrerie historique de 23,35mm propre à Stronglight. Alors ? Avec un peu de malchance, le filetage de la manivelle ne correspondra à aucun de ces trois diamètres-là – hé oui, ça peut arriver – ou plus probablement il a été massacré, arraché, labouré, torturé par un mécano du dimanche. Bref, si aucun extracteur vissé classique ne peut plus rentrer, je vous propose un montage très simple dans son principe, qui vous prendra 2h maximum à réaliser… et moins de 2mn pour arracher proprement une paire de manivelles récalcitrantes !
La fabrication :
Tout d’abord, il faut un solide morceau de tube carré en acier. 15cm de long suffisent. Pour s’accorder aussi bien aux manivelles très fines, comme cette élégante Réné Herse, que plus volumineuses comme cette Sakae Ringyo Custom plus contemporaine, une section de 40mm est passe-partout. Ne pas lésiner sur l’épaisseur, ici c’est un tube de récupération de 3,5mm, et ça ne se déforme pas à l’usage. Le 1,5mm habituel chez CastoMerlin ne tiendra certainement pas le coup ! Notez qu’ici il y a déjà 2 trous de percés… ça tombe bien, leur position m’arrange.
Pour éviter d’avoir à démonter les plateaux pour enfiler l’outil, faire une saignée pour laisser le passage à un éventuel plot anti déraillement.
Pour enfiler le tube suffisamment loin sur la manivelle, il faut dégager complètement le dessous. Voilà pourquoi, il faut une bonne épaisseur de tube pour empêcher sa déformation sur toute la zone ouverte, vu que c’est là que va se concentrer l’effort d’extraction.
Pour pouvoir passer la tête des manivelles larges, on « écarte les oreilles », avec quelques coups de masse bien placés.
Et voilà, maintenant que la voie est ouverte, les gros gabarits rentrent à fond sans problème !
Deux écrous de bon diamètre, du 12, sont soudés à l’emplacement des trous. Ils serviront aux vis de pression. Celle du bout pour appuyer sur l’axe carré, et celle au 2/3 de la longueur pour stabiliser la manivelle pendant l’extraction.
Il faut 2 vis correspondant aux écrous : une longue pour faire pression sur l’axe, et une plus courte pour stabiliser la manivelle. Des vis de qualité (classe 8.8 minimum) du commerce conviennent… où réalisées maison comme ici ! Notez en bout de vis le filetage légèrement dégagé.
Et voilà, l’outil est prêt. Il ne manque qu’un petit morceau de bois dur (chêne, châtaignier, noisetier…), ici une chute de parquet, à glisser dans le tube pour protéger la manivelle.
L’utilisation :
C’est très simple. Au préalable, il faut avoir retiré les boulons assemblant les manivelles sur l’axe… Je ne vous apprends rien, j’espère ! Plus sérieusement, il faut aussi avoir retiré les pédales. Bon, avec un extracteur fileté classique, y’a pas besoin, hein ? Oui mais, comme ici on est dans le domaine du plan B, ça mérite un petit effort. Quel que soit le côté, la pédale se dévisse vers l’arrière, je ne vous apprends toujours rien.
Passons à la manipulation de notre outil :
- Mettre la vis au contact de l’axe, sans serrer, à la main.
- Verrouiller la manivelle en serrant modérément l’autre vis par l’intermédiaire de la plaquette de bois. L’envers de la manivelle doit être bien plaqué contre l’intérieur du tube.
- Serrer la première vis jusqu’à arracher la manivelle de l’axe, et c’est terminé !
En cas de grosse résistance, vis de l’extracteur serrée, on peut s’aider d’un bon coup franc de maillet sur la tête de la vis – cette astuce fonctionne aussi avec les modèles filetés classiques vus en début d’article – l’onde de choc sous pression provoquera l’extraction. L’explication avec un schéma (vue en coupe) : `À gauche, le corps de l’extracteur (en bleu) est vissé – dans le cas d’un extracteur classique, ou pris autour si c’est notre tube – dans la manivelle (en vert) et sa vis (en noir) fait pression sur l’axe de pédalier (en rouge). À droite, un énergique coup sec de maillet (flèche orange) donné en bout de vis de l’extracteur chasse la vis vers l’avant imperceptiblement (c’est exagéré sur le schéma pour bien visualiser) en raison du léger jeu inévitable dans tout assemblage vissé (sinon ça gripperait !) mais ce choc franc est souvent suffisant pour libérer un emboîtement coriace, sinon, un tour de clé supplémentaire et un autre bon coup de maillet sur la vis de l’extracteur termineront le travail.