Le but de cette page est de dédramatiser l’entretien des moyeux à freinage par rétropédalage, dont beaucoup ont l’impression, à tort, qu’il renferme une véritable usine à gaz ! Mais avec un minimum d’organisation, de calme, et de méthode, ça en deviendrait presque un jeu d’enfant. Il n’y a vraiment rien de bien compliqué, vous allez voir !
Malheureusement, à cause de cette fausse réputation de complexité, certains de ces moyeux sont assez usés car leur entretien a été absent – ou au mieux négligé – par manque de témérité de leur propriétaire. Pas de panique, ces moyeux sont tout de même d’une très grande robustesse, alors après un bon nettoyage et regraissage, l’énorme majorité repartira sans problème pour de nombreux milliers de kilomètres.
Parmi ceux-ci, le moyeu Torpedo a été très populaire, et beaucoup ont survécu. C’est donc un bon exemple qui pourra vous servir de base, si vous possédez un moyeu d’une autre marque.
Voilà le type de moyeu (sans changement de vitesses intégré) que nous allons étudier :
Pour approfondir le sujet :
L’entretien d’un moyeu Histop à rétropédalage (type 305).
L’entretien d’un moyeu Torpedo à rétropédalage (récent).
L’entretien d’un moyeu Torpedo à 3 vitesses.
Freiner plus efficacement avec le rétropédalage.
Alors ? Prêt ? Allons-y :
Le démontage :
Il faut tout d’abord faire sauter le circlip qui retient le pignon.
On peut maintenant dégager le pignon, la ou les rondelle(s) de calage, ainsi que le cache-poussière en tôle.
Surtout s’il y en a plusieurs, notez bien l’emplacement et les épaisseurs des rondelles de calage (même si dans l’absolu cela ne change pas grand-chose, décalant juste de très peu la ligne de chaîne).
Pour poursuivre le démontage, il faut immobiliser le bout carré de l’axe de roue. Une clé plate de 7mm convient.
À défaut de clé plate, on peut aussi simplement de l’autre côté retenir la patte d’ancrage, mais dans ce cas, il ne faut pas forcer !
… Puis on retourne la roue.
On aperçoit alors un écrou à 2 encoches, qu’il faudra dévisser (avec l’axe toujours immobilisé par la clé plate, ou à défaut en retenant la patte d’ancrage).
Pour cela il existe une clé à ergot Torpedo (dont le petit carré sert aussi à immobiliser l’axe de roue… mais il faudrait alors avoir 2 clés !)
Une pince multiprise avec de l’adhésif sur les mors pour ne pas marquer l’écrou, en serrant fermement au niveau des encoches pour ne pas riper, peut éventuellement faire l’affaire.
Une fois l’écrou à encoches débloqué, on le dévisse à peine de quelques tours. Ensuite, ou tourne la patte d’ancrage, pour débloquer et commencer à desserrer le gros cône contre lequel elle est retenue. A présent, dévisser complètement l’écrou à encoches, retirer la rondelle et la patte d’ancrage.
Jusqu’ici rien de bien compliqué. Toutes les pièces extérieures au moyeu sont maintenant démontées.
Nous allons pouvoir à présent nous occuper du principal : les pièces internes assurant les fonctions de roue-libre et de freinage.
Pour avoir accès à l’intérieur du moyeu, il faut à présent dévisser complètement le gros cône contre lequel était serrée la patte d’ancrage. Pas de panique, aucune pièce de va vous gicler à la tête ni s’éparpiller par terre !
J’ai bien fait de vouloir démonter ce moyeu : l’intérieur est plutôt sec, il ne reste plus beaucoup de graisse dans tout ça !
La seule pièce à rester dans le moyeu est cette cage à billes du côté du gros cône.
On pourrait la retirer avec un tournevis plat, en faisant levier avec beaucoup de douceur, sur la chicane la retenant sur le bord du moyeu. Mais si la cage à billes n’est pas noyée dans la boue, autant lui épargner ce démontage inutile, et tout risque de déformation de la chicane. Il vaut mieux effectuer quelques « lavages » successifs à la graisse (jusqu’à ce que la graisse ressorte propre).
Allez, courage, rentrons dans le vif du sujet : on désassemble les pièces de l’axe de roue.
L’ensemble de gauche (avec la deuxième cage à billes) doit maintenant être démonté pour recevoir un bon nettoyage.
Ce n’est pas bien compliqué, il suffit de faire sauter le petit circlip avec un tournevis plat, puis de tirer doucement sur la partie supérieure pour séparer l’ensemble.
Pas de panique, à ce moment-là les 5 galets de coincement tombent. C’est tout à fait normal !
Voici ce que ça donne. Rien de bien sorcier en somme.
Voilà, c’est fait, tout est sur la table.
Maintenant, il faut nettoyer soigneusement toutes les pièces, avant d’attaquer le remontage.
Le remontage :
Pas de mystère, il suffit de tout regraisser, et de procéder à l’inverse du démontage. C’est tout !
Pas de panique, je vous explique…
Commençons par remonter le mécanisme des galets de coincement :
On badigeonne toutes les pièces de graisse.
Puis on remet en place le gros roulement à billes… dans le bon sens !
On place par l’intérieur, les 5 galets graissés, bien à la périphérie de la pièce avec les créneaux.
La laisser posée sur la table.
On lui présente ensuite l’autre pièce par le dessus, avec les dégagements bien en face des galets.
Pensez à retenir le gros roulement à billes, pour éviter qu’il ne tombe.
Le tout rentre sans problème !
On retourne doucement l’assemblage.
On s’assure du bon fonctionnement de l’ensemble, en faisant tourner doucement les deux parties en sens inverse. Selon la rotation, vous devez voir les galets sortir ou rentrer légèrement de leur créneau.
Une fois cette vérification faite, on peut alors remettre en place le circlip.
Attention, vérifiez bien que le circlip soit parfaitement logé dans sa gorge sur toute sa périphérie.
On peut maintenant faire coulisser l’ensemble sur l’axe de roue regraissé.
C’est au tour de l’ensemble suivant, convenablement graissé lui aussi, de coulisser sur l’axe.
C’est maintenant au tour du cylindre de freinage, graissé également (et même à l’extérieur !) de prendre place sur l’axe.
Pour arriver à bien engager le cylindre de freinage sur l’axe de roue, le présenter avec et les cannelures internes face aux deux petites lames de ressort en laiton. Celles-ci, si elles ont été suffisamment écartées, doivent empêcher de remboîter le cylindre de freinage. C’est tout à fait normal ! Il faut donc les resserrer délicatement du bout des doigts tout en tournant très légèrement le cylindre jusqu’à ce qu’il s’engage franchement.
Le gros cône reçoit lui aussi sa dose de graisse.
On enfile l’axe de roue (doté de ses sous-ensembles) dans le moyeu bien graissé.
On peut maintenant commencer à revisser le gros cône. Pour le revisser complètement on arrive à la seule partie un peu délicate de cette histoire.
Rien de bien compliqué, il suffit juste de revisser doucement le gros cône, tout en faisant aller de droite à gauche l’axe de roue. Un « plop » se fait entendre, quand les encoches du tambour de freinage s’emboîtent dans les créneaux du gros cône. Arrêtez alors de faire gigoter l’axe de roue, et revisser complètement le gros cône.
Le gros cône doit être vissé correctement, ni trop peu pour ne pas laisser du jeu dans les roulements (ce qui serait vite destructeur pour les chemins de billes), ni trop serré (ce qui engendrerait des frottements inutiles et userait prématurément les billes)…
Une fois le réglage effectué, remettre la patte d’ancrage, la rondelle, puis bloquer l’ensemble avec l’écrou à encoches.
Pour finir, on replace le cache-poussière en tôle, la ou les rondelle(s) de calage, le pignon, et on finit avec le circlip. Point.
Voilà, c’est tout ! Alors, rien d’insurmontable, non ?
Allez hop, il n’y a plus qu’à remonter la roue sur le vélo.