Dans le cycle de mes petites trouvailles de déchetterie picarde, voici encore un vélo récupéré pour trois fois rien… Une production locale, avec plutôt pas mal de boulot à faire dessus !
Un Rochet j’en ai déjà un, plutôt élégant et agréable à mener pour aller loin, un H.70 du début des années 50, mais celui-ci c’est autre chose, plus ancien et plus rustique.
À première vue, la colonne de direction très penchée avec une fourche bien cintrée et des roues en 700B, me font penser à une monture des années 20… Mais d’autres composants – sans doute pas d’époque – me disent le contraire, voyons ça de plus près.
Un vieux clou a priori anonyme. Rien de marqué dessus, rien d’autre que de la rouille et pas de plaque sur la colonne de direction. Rien à part ce pédalier énigmatique dont les lettres sur le plateau semblent placées au hasard. Et puis quelles lettres d’abord ? Un ‘R’ ou un ‘B’ ? Un autre ‘B’ ou un ‘H’ ? Est-ce vraiment un ‘T’ ou un ‘I’, un ‘E’ ou un ‘F’ ? Et où commence le mot ? Bref rien de très clair, même avec un plateau sans rouille. Bon d’accord, c’est facile quand on a la solution et tout est dans le titre de cet article, mais je me suis bien trituré les méninges avant de découvrir « Rochet », l’autre marque au lion.
Ben oui, il n’y a pas que Peugeot à avoir adopté le lion comme emblème !
Le cadre est d’une construction mixte : moitié à raccords (à l’avant), moitié à congés (à l’arrière).
Étrange pour un vélo de cette époque de ne pas avoir de plaque de cadre.
Même pas arrachée comme il arrive souvent après avoir subi un pillage pour la collection… puisqu’il n’y a aucune trace ni de rivets, ni de trous, ni de différence de teinte de peinture sur la colonne de direction.
Les freins aux colliers fixés sur les bras de fourche et haubans – équipés de ressorts de rappels aux patins – font bien d’époque, comme la fourche donnant une chasse réduite.
Le phare en plastoc bas de gamme déglingué qui regarde passer les avions est clairement anachronique, tout comme plus subtilement la dynamo Cibié type 27.
Notez les petites biellettes au bout des tringles du garde-boue, conçues pour s’adapter au vélo sur lequel il est monté selon l’inclinaison de la fourche et le diamètre de la roue. Ainsi, logiquement les garde-boue ne sont pas la monte d’origine, mais semblent conformes à l’époque. En tout cas, rien de choquant là-dedans.
À l’arrière, l’état de l’éclairage n’est pas très clair… à tout point de vue ! Les catadioptres semblent être un rajout anarchique.
De la selle il ne reste pas grand-chose… alors on peut parfaitement imaginer qu’elle soit d’époque ! La remettre en état semble compliqué, d’autant plus que le croissant est brisé en deux morceaux (flèche rouge) et que le tout est dans un état de rouille très avancé !
Rouille perforante, également, pour la tige et le chariot de selle…
Rien ne semble récupérable en ce qui concerne l’assise… À voir…
Le poste de pilotage semble mieux conservé… bien qu’avec une bonne part d’anachronisme ! Bon, pour la sonnette ou ce qu’il en reste, on s’en fout ; pour la potence, le guidon et les poignées, il faudra trouver autre chose. Mais au fait, qu’est-ce qu’il y avait au départ : plutôt cintre façon course ou guidon ?
Seuls les leviers pourraient se montrer intéressants pour ce vélo… s’ils n’étaient pas pourris par la rouille, sans compter un collier arraché ! En supposant qu’ils soient d’origine, le cintre course paraît alors improbable.
Rouille perforante encore et toujours – partout en fait – jusque sur les jantes à chapeaux de gendarmes. Seuls les moyeux, protégés par la crasse, semblent récupérables.
La transmission est confiée à une roue libre de 18 dents fatiguée… qui avec un peu de chance, peut être remise en état.
Pédales DEA ou pédales anonymes ? Reconstituer une paire DEA, pourquoi pas, même si des pédales estampillées Rochet seraient encore mieux… mais pas obligatoires.
Voilà, voilà, point de vue restauration, il y a donc du travail en perspective…