Quand la gâchette manque de réactivité, n’engage pas le cran suivant, retrouve sa position laborieusement ou pas du tout, bref que quelque chose semble se gripper là-dedans, il est temps de jeter un coup d’œil à l’intérieur. Pas de panique, sans être simple, c’est moins compliqué que les modèles pour vélos de route. Voyons ça.
Il s’agit ici de la remise en état de la commande des plateaux, la manette gauche, donc. Malgré ce qu’on pourrait penser, le mécanisme ce côté-ci est plus délicat à remettre en état, il vaut mieux commencer par l’arrière !
Retirer le câble ne pose pas de problème pour qui en a déjà remplacé un sur ce genre de matériel. Si on ne voit pas sa tête par le trou du boîtier, il faut agir sur le levier jusqu’à la faire apparaître. Si le mécanisme est grippé, tirer fermement sur le câble tout en agissant sur le levier pour aider au retour des cliquets.
L’accès au mécanisme se fait par le dessous du boîtier, en retirant la petite vis (flèche verte) qui maintient le couvercle. Attention à le soulever bien droit pour ne pas risquer de casser le minuscule téton situé de l’autre côté (flèche rouge).
Dévisser l’écrou à l’aide d’une clé de 10mm (flèche verte). Attention, le filetage est à l’envers.
Ôter la rondelle de retenue du ressort en la soulevant simplement.
Le ressort placé derrière se retire lui aussi sans problème.
On peut alors sortir une autre rondelle… qui est en fait une entretoise épaulée.
Le premier levier se retire toujours aussi facilement.
Soulever la deuxième entretoise épaulée à l’aide d’une fine lame de tournevis.
Attention, collées ensemble par la graisse et/ou restées contre les leviers, il y a en fait une rondelle laiton très fine de chaque côté de l’entretoise.
Retirer le ressort en soulevant sa partie en crochet.
Dévisser le régleur de tension de la gaine de dérailleur.
Retirer les deux minuscules vis pour libérer le capot en même temps que le deuxième levier.
Chasser le minuscule circlip à l’aide d’un tournevis très fin.
En interposant un tournevis entre les deux plaques, retirer délicatement celle du dessus.
Ôter le rochet suivi de son ressort.
Pour finir, soulever l’étoile pour retirer ce qu’il reste de mécanisme. Attention, dessous il y a un ressort délicat à remonter par la suite. Si vous n’êtes pas très adroit ni très bricoleur et que l’étoile tourne sans problème entre ses deux butées ; pour vous épargner une crise de nerfs, il vaut peut-être mieux ne pas y toucher (ou lire la suite avant de décider) !
Autour de l’axe, ou restée collée au dos de la pièce en nylon (plastique blanc), il y a une rondelle très fine en cuivre qu’il ne faut pas abîmer. Attention, fragile.
Le fond peut être séparé de la bride en aluminium, mais il n’y a pas de nécessité sauf pour faciliter le nettoyage et confirmer que nous sommes bien en présence d’une manette STX-RC, ici avec le code Shimano MC38.
Voilà, le démontage est terminé.
Tout est là… Et tout a besoin d’un bon nettoyage, en particulier l’élimination soigneuse de toute trace de vieille graisse collante qui a figé le mécanisme. Dans 99 % des cas c’est elle la seule responsable des dysfonctionnements, séchée par le temps et durcie par la poussière !
Ce ne sera pas forcément précisé à toutes les étapes, mais chaque pièce doit être légèrement graissée. Les trois rondelles très fines (cuivre et laiton) servent au calage du mécanisme et conditionnent la bonne mobilité de l’ensemble sans jeu de fonctionnement. Si vous ne les avez pas trouvé au même endroit et que vous êtes sûr de leur emplacement – et sûr que la manette n’a pas été bidouillée – remontez-les là où vous les avez trouvé.
Place au remontage.
Replacer très délicatement la fine rondelle de cuivre sur son axe.
La seule partie délicate, énervante – voire très énervante quand on n’a pas le coup de main – de cette remise en état est d’arriver à raccrocher le ressort en même temps au fond du corps de la manette et dans la partie en nylon de l’étoile (d’où mon avertissement un peu plus haut). La partie externe du ressort vient s’arrimer sur l’ergot de la plaque du fond, et l’intérieur de la spire vient dans le trou circulaire de la pièce en nylon, et ce simultanément, l’un ayant tendance à chasser l’autre !
Voyons ça plus précisément.
Commencer par placer l’extrémité du ressort sur l’ergot de la plaque du fond.
À l’aide d’une pince plate très fine, soulever légèrement la spire centrale du ressort à proximité de sa pliure à 90°, et le tendre un peu pour éviter qu’il se décroche de la plaque.
Venir poser la pièce en nylon sur cette queue du ressort…. Tout en tournant l’étoile, pour que la partie en nylon vienne juste au-delà de sa butée (flèches vertes). Retirer alors doucement la pince – qui a accompagné le ressort jusque-là – en la faisant glisser tout en appuyant sur étoile. Ainsi, tout reste en place (le problème vient de la queue de l’intérieur du ressort, prévue trop courte et qui rentre très peu dans la pièce en nylon).
Mettre une goutte d’huile dans deux cannelures opposées de l’axe, puis faire jouer le mécanisme en faisant tourner l’étoile jusqu’à amener la partie en nylon sur l’autre butée (position de la photo). 
On sent une légère résistance du ressort, et en relâchant – tout en empêchant tout mouvement vertical du mécanisme pour ne pas désengager le ressort – l’étoile doit retourner seule sur la butée du départ, après quelques va-et-vient pour faire circuler l’huile. Si l’étoile une fois tournée ne revient pas à sa position initiale, le ressort a été mal placé.
Replacer le ressort du rochet, sa queue courte dans le trou de la plaque du fond.
Positionner le rochet sur la queue longue du ressort puis le faire pivoter pour l’engager dans l’étoile (forme verte sur la photo).
Il ne tient pas spontanément et a tendance à pousser vers le haut. Il faut donc replacer immédiatement la plaque tout en maintenant les dents du rochet entre celles de l’étoile.
Remettre aussitôt le circlip pendant que tout le mécanisme est en place.
Pour tester le bon fonctionnement de l’ensemble à ce stade, pousser sur l’étoile jusqu’à ce que l’effort libère un cran… Et recommencer pour le deuxième.
En poussant la queue du rochet, l’étoile libère un cran… puis d’un deuxième, ce qui la ramène en butée à la position initiale.
Une fois le fonctionnement du mécanisme confirmé sur ses trois positions, il n’y a plus qu’à replacer les leviers pour plus de convivialité… et ne pas s’écorcher les doigts !
Amener capot et levier l’un dans l’autre sur le corps.
Le capot bien en place – le levier est encore bringuebalant, on s’en occupe à l’étape suivante – remettre les deux minuscules vis sans trop les serrer, le plastique est fragile.
Repositionner les deux rondelles en laiton – graissées – sur l’envers de l’entretoise : la petite en bout, et la grande sur l’épaulement (c‘est l’entretoise la moins haute des deux… Si vous avez mélangé les pièces lors du démontage !) Glisser l’ensemble sur l’axe, et le levier retrouve sa position d’origine.
Replacer le ressort, téton dans le trou et partie en S accrochée sur la butée.
Avant de remonter le deuxième levier, s’assurer que son rochet n’est pas grippé. Vérifier également qu’il n’y a plus aucune trace de vieille graisse figée au creux de son mécanisme. Mettre une goutte d’huile sur son axe et manipuler le rochet pour la faire pénétrer. Placer ensuite une bonne goutte de graisse au creux du rochet. Cette étape est importante, le manque de propreté et/ou de mobilité de ce petit rochet explique beaucoup de dysfonctionnements.
Faire rentrer le levier, rochet au creux de l’étoile. Il a juste la place de passer (flèche verte), en positionnant le levier comme sur la photo.
Enfiler la deuxième entretoise épaulée (la plus haute des deux, donc) sur l’axe et poser le ressort autour, l’extérieur de la spire avec le téton tourné contre le rebord inférieur du levier. 
Remettre la rondelle de retenue du ressort, orientée comme sur la photo.
Placer une goutte de frein filet (type Loctite 243) sur les filetages de l’axe, puis revisser l’écrou. Attention, il se visse dans le sens inverse !
Tendre le ressort dans le sens horaire pour raccrocher son extrémité dans l’encoche de la rondelle. Il n’y a aucune difficulté à la mise en tension.
Remettre un câble pour pouvoir faire les essais de fonctionnement (retirer le mécanisme de tension de gaine du dérailleur facilite la sortie du câble).
Il n’y a plus qu’à refermer. Poser le couvercle en montant légèrement le levier pour que l’emboîtement du téton du couvercle ne soit pas gêné par le ressort (qui vient frôler le trou quand le levier est relâché). Revisser la petite vis cruciforme sans forcer. Attention, le plastique du logement de la vis est ajouré ; capot fragile !
Derniers tests pour vérifier que tout va bien. S’assurer sans le toucher, que le câble se fait « avaler » par la manette lors d’appuis successifs sur le levier, jusqu’à sentir un cran accompagné d’un claquement sonore sec.
S’assurer avec l’autre levier que le mécanisme descende successivement les deux crans, en aidant la sortie du câble sans avoir besoin de tirer dessus comme une brute ; le ressort du dérailleur le fera pour vous ! On contrôle ici le travail en douceur, que rien ne coince. Le claquement sonore est doux et presque silencieux.
Voilà… Et si on passait à l’arrière ? L’article est ICI !