Viper, je ne sais pas si ce nom vous évoque quelque chose, pour ce qui était il n’y a pas si longtemps encore du made in Belgium plutôt bien foutu, et puis un rachat par une multinationale, hé hop, bien qu’en bonne santé la marque liégeoise disparaît en 2019. Exit un des derniers fabricants d’outre-Quiévrain après plus de 100 ans d’activité… Pas toujours très drôles les histoires belges !
Bref, j’avais acheté un de leurs cadres – soldé en 2012 – pour un projet encore flou à l’époque… car le Viper Verbier était affublé d’avis contradictoires. Soit simple machine pour cyclotouriste – avec le côté péjoratif que ça sous-entend pour un « vrai » coursier – après un essai paru dans la revue « Le Cycle » (N°393) et colporté tel quel sans forcément avoir posé le cul dessus ; soit comme vélo de route confortable – ce qui n’est pas contradictoire avec le cyclotourisme ! – et très réactif, par ceux qui roulent avec. Mais dans tous les cas, les avis se rejoignent pour admettre un excellent rapport qualité / prix.
Ce cadre est donc resté à prendre la poussière dans son carton pas loin de 10 ans, puis des soucis de santé aidants, voilà un excellent prétexte pour monter une machine facile à emmener pour un cyclo au cœur bancal. Oui, parce que le vélo électrique c’est bon pour les bobos feignasses – désolé, j’ai le droit d’avoir un avis – et ce n’est pas parce qu’on est cardiaque qu’on ne doit pas avoir un minimum de dignité ! J’ai donc choisi d’équiper ce cadre avec des pièces dans le même esprit, c’est-à-dire pas encore vintage, mais déjà classique. Il me reste quelques éléments sympas en stock, alors rien de très compliqué. Voilà ce que j’avais prévu pour une première version du puzzle.
La composition est presque définitive. Vous pouvez vous amuser à repérer les composants qui diffèrent sur les photos définitives du vélo, mais il n’y a rien à gagner !
Tout d’abord, le montage va s’articuler autour d’une transmission Shimano Dura-Ace 7900. Fiable, précise, incisive, le meilleur des 10 vitesses que j’ai eu entre les mains…Du classique, donc, mais pas du n’importe quoi. Pour avoir des ratios entièrement utilisables en longues distances, il ne sert à rien de voir trop gros. Ce pédalier FSA SL-K carbone dégoté à bon prix – destiné à la base aux VTT – permettra de supporter des plateaux Rotor ovales XC2 38/23. Ok, c’est petit, mais dans le contexte physique que j’ai expliqué, en moulinant bien on peut aller affronter tous les profils de route, du plat aux cols, sans arrière-pensées. La couleur rouge au lieu du noir est assez sympa, en tout cas pour ce vélo ! L’inscription en gros est plutôt étrange, le grand plateau est donc un exemplaire test, c’est écrit dessus. J’ai eu la chance de le récupérer directement chez Rotor. Bon, je l’ai quand même payé, je ne fais pas partie de ceux à qui on les donne gracieusement !
Une autre trouvaille d’époque avec ces roues taillées pour grimper, c’est aussi écrit dessus – du nom d’un fameux sommet helvétique – des DT Swiss Mon Chasseral. Des jantes légères, souples et donc a priori confortables, auxquelles j’ajoute des ligatures qui apporteront davantage de sécurité au rayonnage très fin, et plus de rigidité aussi… Et du coup, peut-être un peu moins de confort (à confirmer sur la distance). Par contre, la première version de ces roues à la réputation de se fissurer facilement en tapant trop souvent dans les trous… Il faudra donc faire attention où on met les pneus avec ! Notez la carte d’époque, signée du technicien ayant réalisé le montage.
Notez, sur cette cassette Sram Red de première génération, les 8 derniers pignons taillés ensemble dans une pièce creuse.Un cadre de cyclotouriste le Viper Verbier ? En tout cas pas pour la géométrie.
Malgré les apparences, la position du cintre n’est pas particulièrement relevée, au contraire, avec une potence réglée 9cm plus basse que la selle.
Cette potence 3T Arx Team est une édition limitée pour les JO de Londres de 2012.
Le plastique c’est fantastique… Du carbone pour le pédalier, plus rigide que l’aluminium, oui, mais pour un poids identique à gamme comparable. Le cadre monocoque carbone ne s’étant pas affranchi de la fixation du dérailleur avant par collier (de 34.9mm, pourtant), le tube vertical paraît bien frêle par rapport à tout ce qui rayonne du boîtier de pédalier. Notez le petit plateau qui porte bien son nom, 23 dents presque caché derrière toute cette masse, prêt à affronter les profils montagneux les plus exigeants.
En ce qui concerne les périphériques, la classe discrète de cette Swift titanium s’accorde assez bien avec la modernité de l’ensemble… Mais demande un bon recul, comme toutes les autres selles cuir Brooks.Les freins Ciamillo Zero Gravity jouent dans le domaine du très léger, mais offrent une bonne puissance bien dosable – en ayant la main ferme ! – même en descente de col. Notez le ressort autour du câble – l’astuce expliquée ici – qui améliore le centrage des étriers.Avec une ligne générale typée course, pas question de doter ce vélo d’un éclairage envahissant, même si bien sûr, il est prévu pour affronter la route de nuit.
Cette étonnante et compacte torche Trelock LS 950 permet avec 45h maximum d’autonomie (plus une dizaine d’heures de sécurité quand la jauge est à zéro !) – ou 18h en puissance plus confortable – d’assurer un grand brevet sans avoir à recharger. Un adaptateur est réalisé en un tournemain – et de chalumeau – pour venir se visser à la place de l’écrou du serrage rapide.
Pour en finir avec les accessoires, ces porte bidons plastiques ont été percés, pas trop pour l’allègement – 33g au lieu de 35 – mais pour un aspect moins mastoc.
Voilà le résultat. Pas de faute de goût dans la robe tricolore rouge, blanc, noir. Alors, il n’est pas beau ce p’tit vélo ?
À l’épreuve de la route ce vélo est effectivement assez confortable, facile à emmener, et permet surtout de très bonnes relances, paradoxalement plus toniques en montées que sur le plat. Sur la durée, il ne vous fera pas forcément aller plus vite, mais sans doute plus loin, car il saura économiser le physique de son cycliste, en étant ici très bien secondé par les plateaux ovales Rotor. Une réussite !