Les Flèches de France « vintage » : Paris – Montbéliard

Le cycle des Flèches de France « vintage »,
épisode 7.

 

le vélo pour aller à Montbéliard :	Peugeot Cosmic (1987)
nombre de vitesses :	2 x 6
développement maximum :	7,60m (50/14)
développement minimum :	3,30m (37/24)
poids du vélo :	9,6kg
dénivelé du parcours :	810m/100km

 

Quel vélo choisir cette fois ? Montbéliard, Sochaux, Valentigney… Pas beaucoup d’hésitation à avoir, on se trouve dans le fief de Peugeot, alors le régional de l’étape en sera forcément un, de Peugeot ! Un vrai jeunot, ce Cosmic de 1987 au cadre aluminium manchonné collé. le vélo le plus récent de ceux que je vais utiliser pour le cycle de ces 20 Flèches de France en mode « vintage » ; d’une conception assez moderne, plutôt léger avec de bonnes aptitudes en montées, bref, parfait pour ce parcours plutôt vallonné au départ tranquille assez trompeur.

C’est parti à la tombée du jour, après une belle journée printanière de mai. Premier pointage à Pontault-Combault. Départ à plat. La plaine se dégage entre les gros bourgs de Seine-et-Marne, et voilà déjà le contrôle de Tournan-en-Brie. En redémarrant, l’urbanisation largement derrière moi, j’ai vraiment l’impression que cette Flèche commence ici… Même s’il reste encore un bon bout de chemin pour sortir vraiment de la région parisienne.

Dans la pénombre qui prend lentement possession de la route, l’église de Châtres très joliment éclairée m’attire comme un papillon de nuit, avant de me rendre aux ténèbres. Rares seront les villages illuminés cette nuit. Petits instants d’hésitations en traversant le village, et puis non, je ne me perdrai pas si tôt sur ce parcours ! Je chemine paisiblement sur les grands bouts droits avec beaucoup de passages en forêt sur ce début d’étape. Peu de circulation. Passé Lady, sur la gauche se dégage au loin l’îlot de lumières de la raffinerie de Grandpuits. Un concert nocturne assourdissant de batraciens se lève dans les bois, à l’approche de Villeneuve-les-Bordes. Sur toutes ces routes plates, la première petite bosse qui se présente permet de s’échapper de Donnemarie-Dontilly ; le contrôle de Bray-sur-Seine n’est plus très loin.

Je me perds un peu dans la ville, plus exactement je pousse bien trop loin au sud sans jamais trouver le panneau de la D2411… qui visiblement n’existe pas, ou alors j’ai vraiment raté quelque chose dans la pénombre. Un petit détour sans trop de conséquences pour repasser par le centre-ville. Ce début d’étape plate chemine à travers la plaine agricole. La pleine lune, maintenant au-dessus de moi, m’éclaire en lampe de chevet. Le colza fixe la clarté nocturne, donnant l’impression de traverser la nuit enneigée. La lune devient rousse à mesure qu’elle plonge vers l’horizon puis s’abîme dans une flaque de feu. Elle ne m’aura finalement pas accompagné si longtemps, cette nuit. Le soleil naissant fera dans quelques heures le chemin en sens inverse, en attendant je suis rendu aux ténèbres. En deuxième partie d’étape quelques longs faux plats commencent à apparaître, puis le profil se marque de plus en plus pour rejoindre Chaource, la campagne au petit jour prise dans des lambeaux de brume. Des toboggans se formeront jusqu’au contrôle des Riceys en passant à l’aube par le charmant tout petit village de Pargues.

Le site de pointage est surtout un gros bourg de vignerons champenois, comme l’indiquent les premières vignes apparues dans le paysage. Le petit vent contraire qui soufflait depuis la fin de nuit commence à être pénible en se renforçant au matin. Mais pourquoi faut-il que je sois de sortie une des rares fois où le vent souffle de l’est ? Entre Larrey et Poinçon-lès-Larrey, j’ai dû rater quelque chose sur ces petites routes. Je me retrouve à Marcenay et en suis quitte pour un détour avant de retrouver Cérilly, et à deux pas le hameau de Gros-Cul, toujours source de joie puérile quand je passe par Châtillon-sur-Seine. Après un début d’étape plate, le profil de la route devient bien vallonné passé Voulaines-les-Templiers. La montée en direction de Colmier-le-Haut n’en finit pas, et après Auberive, la route s’élève en une longue montée discontinue qui s’explique finalement par la présence inattendue d’un panneau indiquant le Col du Haut du Sec – si, si ! – un des plus hauts « sommets » du plateau de Langres… L’après-midi s’étire en longueur, et les bosses s’enchaînent toujours jusqu’au contrôle de Champlitte.

En repartant, les églises arborent la plupart du temps le dôme à l’impériale caractéristique des clochers comtois. Les bosses sont maintenant devenues plus roulantes, car des portions plates offrent un moment de répit entre deux montées. Je passe en début de soirée par Le-Pont-de-Planches, même s’il y a une éternité que le pont au sortir du village n’est plus en bois… Personnellement je ne l’ai jamais connu ainsi ! Plus loin se présente une dure montée en direction de Hyet, récompensée par une belle descente en arrivant dans le village. Le chemin se poursuit toujours en montagnes russes, puis se calme sur la fin pour atteindre Rougemont en début de nuit.

Il reste une cinquantaine de kilomètres à parcourir pour achever cette Flèche de France. La route reste toujours très vallonnée, paisible, puis après une dernière longue montée en direction d’Uzelle, il ne restera qu’une petite bosse à passer – à Colombier-Châtelot – pour atteindre Montbéliard en milieu de nuit.