Les codes dates des composants japonais vintage

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Pour s’aider à dater un vélo « vintage », on peut faire des déductions sur les périodes de fabrication de ses composants, à partir d’un site comme VeloBase. Même si certaines données sont incomplètes et peuvent parfois manquer de rigueur, c’est une bonne base de départ.

Si beaucoup de choses semblent être d’origine sur le vélo, on peut ensuite affiner à l’aide des codes dates écrits sur les composants. Malheureusement, dans le meilleur des cas il faut bien chercher, parfois dans les recoins, parfois en démontant les pièces ; et parfois rien n’est inscrit, alors qu’un autre exemplaire – identique – aura un code de gravé ! Sur un vélo français contemporain, c’est facile parce qu’il n’y a rien à décoder. Par exemple, un « 23 84 » (ou « 84 23 » selon les fabricants) inscrit sur un moyeu, un dérailleur, ou ailleurs… Correspond à une sortie d’usine la 23ème semaine de 1984. Pour une fois qu’on fait quelque chose de simple en France !

Pour ce qui est des constructeurs japonais, c’est moins évident, car les inscriptions renvoient à un codage différent selon les fabricants, voire selon les époques. Voici donc ce qu’on peut trouver :

Nitto

Le codage est de la forme X.X (deux lettres majuscules séparées par un point).

Sur cette tige de selle, « X.V » indique une production d’aout 1990.

 

Shimano

Le codage est de la forme XX (deux lettres majuscules accolées) ou X  X (deux lettres majuscules nettement écartées, sur les productions anciennes).

Exceptionnellement, le codage peut être de la forme X (une lettre majuscule seule sur les composants les plus anciens… qui sont rarement codés) ou XXN (deux lettres majuscules et un chiffre accolés, le chiffre n’ayant pas de signification évidente).Ci-dessus, le code date est caché sous la virole du graisseur, qu’il faut tourner. Il est de la forme ancienne à deux lettres écartées. « B  C » indique une production de mars 1977.

À gauche, le code est moins évident à trouver. Il faut parfois bien chercher avec Shimano… Et comme pour les autres marques, tous les composants ne sont pas forcément codés.

À gauche, la localisation ancienne pour le code date d’un dérailleur. Il est de la forme courante à deux lettres accolées. « AB » indique une production de février 1976. À droite, « BI » indique une production de septembre… 2003 et non pas 1977, pour ce dérailleur Shimano 105 contemporain (sur le tableau précédent, on reboucle au besoin avec une nouvelle série alphabétique : X=1999, Y=2000, Z=2001, A=2002…)

 

SR (Sakae/Ringyo)

Le codage est de la forme NN.X (deux chiffres et une lettre, la plupart du temps dans un cercle).

Les deux chiffres indiquent directement l’année en clair.
La lettre code le mois, a priori à partir de A pour janvier (parfois c’est un chiffre, il renvoie alors simplement au numéro du mois).

Sur ce pédalier, « 90C » indique une production de mars 1990.

Il y a également eu d’autres numérotations marginales qui n’ont pas de correspondance évidente.

 

Sugino

Le codage le plus courant est de la forme X-N ou X-NN (une lettre majuscule + un  tiret + 1 ou 2 chiffres, la plupart du temps frappé tel quel, parfois dans un cercle).

Sur ces manivelles : à gauche « F-12 » indique une production de décembre 1976, au milieu « I-12 » pour décembre 1979, et à gauche dans la forme plus rare inscrite dans un cercle, « J-10 » pour octobre 1980.

Il y a également eu plusieurs autres systèmes de numérotations qui ne semblent pas avoir de logique évidente. Peut-être que certains codes n’ont simplement rien à voir avec des dates !

 

SunTour (Maeda Industries)

Le codage est de la forme XX (deux lettres majuscules accolées)… mais ne suit pas le même référentiel que Shimano.

À gauche, sur cette roue libre (SunTour) Maeda industries, « YK » indique une production de novembre 1982 ; à droite, « CD » indique avril 1986. Au dos de la fourchette de ce dérailleur, « TD » indique une production d’avril 1977.

 

Au moins chez SunTour, les codes sont bien gravés et assez voyants, il n’y a pas besoin de chercher longtemps… Contrairement à Shimano où ils peuvent être minuscules et quasiment illisibles ou mal frappés.

 

 

 

 

Quelques pièges à éviter

Attention, ces codes ne sont pas forcément présents sur tous les composants, ni sur tous les composants d’une même série, et ne sont pas non plus à confondre avec une lettre ou un chiffre qui peut simplement être un numéro de traçabilité repérant le moule de fonderie ayant servi pour couler l’élément. Tout cela peut aussi être brouillé par un code parasite trahissant une sous-traitance (comme quelques fabrications Sugino pour SunTour).

Sens de lecture :

Sur ces pédales Sakae/Ringyo, comment interpréter ces inscriptions ? Même en écartant le « M »… ou « W », que reste-t-il ? « Z90 » ou « 06Z ». Dans un cas comme dans l’autre seule la confusion reste et rien ne semble correspondre. Sur les photos suivantes, on pourrait penser que Shimano a utilisé des codes soulignés pour lever toute ambiguïté… Pas forcément ! À gauche, un code souligné alors qu’il est inutile ici de préciser le sens de lecture ; à droite, un code souligné et surligné… Ce qui nous fait une belle jambe ! Plus troublant encore, cette paire de manivelles. Elles sont dégueulasses, c’est normal, c’est du VTT ! L’une est estampillée « SH« (souligné), et l’autre « HS ».  D’après la période de fabrication des groupes Shimano STX (MC32 est le code de ce groupe), on en déduit que « SH » est le bon, pour aout 1994. Le souligné lève donc l’ambiguïté du sens de lecture… Même s’il n’est pas toujours présent quand il faudrait, ni toujours utile quand il est là (comme avec le « LI » ci-dessus).

 

Interprétation stricte ou à relativiser ?

Observons plus attentivement les codes dates en prenant l’exemple de Shimano avec des éléments pairs comme les étriers de frein, les moyeux et les manivelles. Faut-il prendre ces codes au pied de la lettre ou y voir également une marque de traçabilité des lots produits ?

En considérant que le code représente une date « à peu près » tout en servant d’indication de numéro de lot, cela explique le décalage d’un ou deux mois qu’on observe fréquemment sur les composants allant par deux. En effet, je ne vois pas un industriel avec une grande capacité de production stocker la moitié des pièces deux mois avant de les appareiller, ni l’intérêt par exemple de ne pas couler en même temps les corps des étriers de freins avant et arrière, qui sont rigoureusement identiques (seul ce qui se monte dessus diffère). On arrêterait la fonderie pour la reprendre quelques semaines plus tard avec la même matrice, en ayant fait autre chose entre-temps ? Ça ne semble pas très sérieux. Sans compter que les changements de production font perdre pas mal de temps à l’usine, en installation et réglages. Tout cela se planifie, et un tel amateurisme paraît assez étrange pour l’esprit logique et organisé japonais.

On peut également rencontrer un écart plus important, comme les 5 et 6 mois de ces deux pédaliers, mais il n’est pas significatif. Ça flaire le grand classique du carré de manivelle gauche massacré à cause d’un boulon desserré… D’autant plus que c’est ce côté-là qui est le plus récent dans les deux cas, ce qui valide donc cette hypothèse : un côté a été remplacé !

Beaucoup plus étrange, cet écart d’exactement un an pour cette paire de moyeux. Le format ancien (avec les deux lettres majuscules nettement écartées) est peut-être à lire à l’envers : mois/année au lieu d’année/mois, ce qui donnerait un écart raisonnable d’un mois au lieu de l’improbable 1 an pile ! Oui mais ; cette autre paire de moyeux valide l’ordre année/mois, grâce à son format différent du code « ED » à l’avant comme à l’arrière. On peut donc en déduire qu’il y a eu une erreur (ce n’est pas impossible, voir l’exemple avec les « SH » et « HS » plus haut) et que les moyeux ci-dessus ont été gravés inversés (il faudrait donc comprendre « CB » et « CA »).

En pratique, dans la moitié des cas la date est donc identique entre éléments pairs (photo ci-dessous) ; et dans l’autre moitié on note un écart d’1 ou 2 mois, à considérer avec une certaine souplesse.

Inscriptions parasites :

Pour finir voici deux exemples, également pris chez Shimano.

Sur cette photo « 8 », « N » et « 1 » sont des repères liés à la matrice de moulage. Le code date est « ML », correspondant à une production de décembre 1988. Ici, faire la différence est facile car le format n’est pas le même, mais selon les fabricants, c’est parfois plus ambigu.

Sur cette paire d’étriers de frein, le code date n’est ni « AS » ni « VC » (flèche rouge). Le vrai code est sans doute caché sous la pastille autocollante… L’autre étrier nous le révèle : « UI » pour septembre 1996.

 

 

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