Le constat :
Actuellement, sur un vélo de route digne de ce nom, plus rien n’est prévu pour rajouter quoi que ce soit… Et à plus forte raison pour fixer l’éclairage, élément primordial pour la longue distance, et qui ne peut pas se résumer à une seule lampe frontale (pour votre confort… et aussi pour être en conformité avec le règlement de nombreuses épreuves).
Fixer les torches au cintre apporte une solution ponctuelle, mais pas franchement convaincant pour un usage plus régulier, à cause de deux gros défauts :
- Avec une sacoche de guidon (ce qui est tout de même mieux pour partir loin, et avoir tout sous la main avec une répartition intelligente du poids), soit une partie du faisceau est « mangée » par l’ombre produite par la sacoche, soit le reflet de l’éclairage vous éblouit ou rend illisible la feuille de route que vous y avez glissée.
- La partie du faisceau lumineux apparaît comme un rond sur l’asphalte, et comme la torche est fixée en hauteur, tenter d’allonger le faisceau ne conduit qu’à la « dilution » rapide du flux lumineux.
À l’opposé, on trouve des serrages rapides prolongés d’un petit tube pour y fixer une torche. L’idée peut paraître meilleure, mais là aussi comporte des inconvénients :
- Votre éclairage est très vulnérable en cas de chute, ce qui peut avec les pièges de la nuit et de la fatigue arriver facilement, même sans grande conséquence… sauf pour votre phare !
- Trop près du sol, le faisceau est trop allongé, et donc manque de concentration (le résultat sera bon avec un moyeu dynamo, mais la clarté ne sera pas optimum).
- Éteindre un phare de manière ponctuelle (lors de traversée de villages éclairés) permet de repolariser ses piles (en freinant leur décharge davantage que la simple durée d’extinction) et donc des faire durer plus longtemps… mais l’interrupteur sera hors de portée de main en roulant !
Il faut alors trouver le juste milieu pour bien allonger le faisceau lumineux, raisonnablement, pour ne pas trop y perdre en concentration du flux lumineux.
Conclusion :
Fixer l’éclairage sur les fourreaux de fourche est donc le meilleur compromis, l’endroit le plus rationnel et le plus facile, sans rien ajouter à votre vélo sauf quelques grammes…
- L’éclairage est protégé en cas de chute.
- Allumer ou éteindre le phare est toujours possible en roulant, en tendant la main.
- Le faisceau lumineux atteint une portée et une concentration optimales.
- La jante forme une ombre partant en diagonal, pas franchement gênante en termes de visibilité. C’est le seul défaut du système, qui est corrigé par l’utilisation de deux torches (ce qui est de toute façon mieux d’un point de vue sécurité).
Voici ce que ça donne avec une photo prise sur le vif… en roulant. En réalité l’effet d’entonnoir est bien plus prononcé, la perspective l’écrase sur la photo… mais on fait ce qu’on peu en photographiant le bitume de nuit tout en roulant ! On voit bien les deux trainées d’ombres (la ligne claire de gauche est naturellement la ligne médiane de peinture blanche de la route).
Nous allons voir comment faire de manière simple et fiable, pour un poids raisonnable d’à peine 10g, ce qui malgré les apparences n’est pas du mauvais bricolage… À condition de bien suivre les explications, et de ne pas prendre de raccourci !
ATTENTION : certains petits malins se sont crus intelligents en envoyant cette astuce à des revues cyclos pour avoir un abonnement gratuit. Il pourrait donc aussi traîner ailleurs sur Internet des versions bancales et fantaisistes, donc méfiance !
En tout cas, grand bien leur en fasse, mais comme ils n’ont visiblement pas tout compris des subtilités de mon montage… ils ont voulu trop simplifier… et tout fini par se casser la gueule ! ! !
Vous avez ci-dessous la version fiable et originale, éprouvée par des années de pratique, sans que le système ne soit pris en défaut. À vous de jouer !
La fabrication :
Passons maintenant à la réalisation. Il suffit de garder deux tubes de médicaments vides. Ici ces tubes de vitamine C sont déjà assez rigides, et en les coupant à la longueur idéale, ils le sont encore plus. Comme leur diamètre est voisin de celui d’un cintre, c’est parfait.
À quelle longueur les couper ? Les tubes doivent être bien entendu suffisamment long pour que le support de la torche puisse y tenir complètement, mais pas seulement. Tout est ici affaire de compromis solidité / rigidité du support / ombre projetée (la fameuse ombre de la jante partant en diagonal). En règle générale et pour plus de stabilité, le plus court sera le mieux : concrètement autour de 5cm.
On se débarrasse des granulés anti-humidité (cachés sous l’opercule de carton à l’intérieur du bouchon), puis on colle le bouchon sur le tube retaillé.
Rassurez-vous, même si la colle venait à lâcher avec le temps, cela n’a pas grande importance, car les boutonnières traversent le tube et le bouchon, l’un étant donc fixé à l’autre une fois les rilsans en place. (Ma colle à tout faire est de l’Araldite industrielle, pas celle du supermarché, et surtout pas de la rapide).
Au besoin, on en profite pour creuser à la râpe un peu le bouchon pour l’adapter au profil de la fourche, puis on s’attaque aux boutonnières pour faire passer les rilsans.
Concrètement, ces boutonnières seront réalisées par 2 trous de 2mm espacés de la largeur du rilsan (fait à la mini-perceuse) et rejoints à la lame de cutter, ou mieux, au bistouri pointu lame de 11.
Pour cela, on perce donc ensemble tube et bouchon (à gauche les 2 trous, à droite la boutonnière faite). Ainsi tout est parfaitement en face… et de toute façon le bouchon est déjà collé je vous rappelle !
On fait ensuite passer les deux colliers de serrage type rilsan (de bonne épaisseur) par les fentes, en les plaçant en croix.
Le seul point réellement délicat de ce montage est le passage des rilsans, surtout le deuxième. Pour qu’il ne butte pas au croisement avec le premier, et ressorte librement. Il faut donc laisser du mou au premier collier à l’intérieur du tube, et ne le tendre qu’à la fin, une fois les deux colliers passés. Les fentes des boutonnières ne doivent pas être trop larges mais adaptées à la dimension des rilsans, que l’on prendra quand même assez gros, pour que leurs crans de serrage soient assez robustes pour supporter au final le poids de la torche en porte-à-faux.
Avant la mise en place sur la fourche, on place sur le bouchon un morceau d’adhésif double face, idéalement prévu pour résister à l’extérieur ou à l’humidité (par exemple pour coller un miroir de salle de bain). Il le faut en mousse assez épaisse, pour suivre la courbure de la face d’appui sur la fourche, une fois les colliers serrés. Plusieurs couches peuvent être nécessaires, par endroits, pour donner un meilleur profil. Le tout étant de bien épouser la forme de la fourche, donc ne pas hésiter à le répartir en différentes épaisseurs selon la courbure des fourreaux, mais comme les fourches modernes sont plutôt « plates » il n’y a pas vraiment de problème. L’adhésif du double face n’altère pas la résine recouvrant le carbone de la fourche… mais je n’ai pas testé tous les double face non plus !
Image de gauche : on serre bien les colliers en croix, à la hauteur voulue sur la fourche (à peu près à mi-hauteur). Le résultat n’est pas encore très esthétique, et pour atténuer le coté bricolage (ou la publicité pharmaceutique, au choix !) on recouvre le tube et les colliers de serrage, par de l’adhésif de type électricien, que l’on tend fortement.
À droite, voici les supports terminés et recouverts d’adhésif. En plus de servir de camouflage, cela assure une sécurité antiglisse de nos supports qui sont prêts à recevoir les torches.
J’insiste : ne pas négliger la touche finale, l’adhésif d’électricien recouvrant les tubes ET s’enroulant aussi sur la fourche finit d’assurer la stabilité de l’ensemble, il n’a pas qu’un simple rôle esthétique. Il faut non seulement recouvrir le tube mais aussi faire des tours sur la fourche. Ainsi avec les rilsans et le double face mousse, le tout donne un résultat « souple » mais rigide à la fois, ayant un effet amortisseur des chaos de la route. On ne comprend bien ce concept qu’au moment de la réalisation du montage ! Pour finir, le tout étant en plastique, il n’y a rien d’agressif pouvant entamer à l’usage la fourche, surtout si elle est en carbone.
Un petit détail qui peut avoir son importance : les supports des torches eux-mêmes ! Les miennes sont des Cateye, dont toute la gamme fonctionne avec les mêmes supports.
Seulement voilà, elles sont livrées avec un support indigent (celui du bas et répondant au doux nom de H-34) inutile à moins de vouloir fixer la torche sur un support de forme exotique. Donc pour avoir une torche bien fixée et ne tressautant pas continuellement, il faut impérativement se procurer, (à condition de savoir qu’ils existent !) des supports de type H-32 (photo du haut). Je ne sais pas si le fabricant japonais a rectifié cette erreur sur ses dernières torches commercialisées, mais je trouve dommage de pénaliser ainsi un éclairage par ailleurs fiable et performant.
Et voilà l’éclairage avant terminé ! Assemblés soigneusement, ces supports se laisseront oublier de nombreuses années.
Le côté artisanal vous laissera peut-être perplexe, mais je n’ai jamais eu de souci avec ces supports de torches depuis que je les ai montés. Après pas loin de 15 ans de test sur 3 vélos, et toutes sortes de routes et chemins, tout est toujours en place ; pas de jeu dans l’assemblage, et pas de torches qui vibrent à la moindre aspérité du bitume… Ce qui n’empêche pas de vérifier la solidité des supports de temps en temps !