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Dans cet article il est question de rattraper une déformation importante de la selle. Pour cela, il faut la démonter du vélo. (Pour corriger une plus petite déformation, voir ICI. )
Le cuir est un matériau vivant. S’il est bien entretenu et tendu de manière adapté, l’assise sera sans souci. Mais parfois, à cause de l’humidité ou de raisons plus obscures – surtout si le cycliste est assez lourd et/ou les flancs de la selle ne sont pas lacés – la selle se déforme de façon non souhaitable. Il est cependant très facile de rattraper cela, suivez le guide :
Il faut déjà préparer de quoi la faire tremper : un récipient et de l’eau, simple non ? Si on sait ce que l’on fait, l’eau n’est pas forcément l’ennemie de la selle en cuir. Mais il faut que cette eau soit :
- Froide, car il ne sert à rien de la chauffer, à part de prendre le risque de cuire le cuir (ce qui peut vite arriver… ) et de se retrouver ensuite avec un vieux bout de couenne, ou pire un affreux bout de bois. L’eau glacée ne sert à rien non plus, à part de ralentir la pénétration de l’eau dans les fibres du cuir. La température ambiante est donc idéale.
- Déminéralisée, pour ne pas charger inutilement les fibres du cuir en sels minéraux. L’eau de pluie est excellente, gratuite, mais attention, toute eau déminéralisée est aussi un excellent solvant de tout ce qui est polluant atmosphérique ! Donc mieux vaut n’en récupérer qu’après un bon quart d’heure de forte pluie, pour être sûr que l’air soit bien rincé, et que la plupart de ses polluants aient été éliminés.
- Un peu vieillie et exposée à la lumière du jour. Le pH de l’eau déminéralisée est acide par nature. Mais on peut le faire remonter naturellement par l’effet du soleil, ce qui fonctionne d’autant mieux que l’eau a vieilli (action de photosynthèse et production d’oxygène par les micro-algues présentent dans l’eau… mais pas besoin d’attendre qu’elle soit complètement verte !)
Donc mieux vaut faire baigner votre selle en début d’après-midi, plutôt qu’en pleine nuit. Pas besoin d’attendre le plein été, la lumière du jour suffit… à part peut-être pendant les courtes journées pluvieuses de novembre !
Avant de faire trempette, pensez à bien desserrer la vis qui met le cuir en tension (ici les rails ont été démontés pour se faciliter la vie, mais ce n’est pas possible avec tous les modèles de selles).
Après quelques heures l’eau s’est colorée. C’est un bon indice pour en déduire que la selle a suffisamment trempé.
Il faut maintenant repousser le cuir par l’intérieur, en s’adaptant le mieux possible à la zone déformée, sans forcer. Il faut y aller délicatement, mais avec fermeté ! La meilleure façon de faire est tout simplement d’utiliser son poing en l’adaptant à la zone approximative à repousser.
Avec un peu d’imagination, il y a beaucoup de possibilités de placer ses doigts !
Prenez la selle d’une main, fermement par l’extérieur, en englobant largement la zone déformée. Il faut donc généralement bien écarter les doigts.
(Remarquez au passage mon magnifique bronzage cycliste ! )
De l’autre, poussez le cuir par l’intérieur, avec le poing. Il ne faut pas y aller comme une brute (au risque de casser les fibres du cuir) et si rien ne bouge, il faut remettre la selle à tremper un petit moment, puis réessayer.
C’est bien beau me direz-vous, mais si la selle n’est pas démontable et que les rails sont en encore en place ? Vous n’avez sans doute pas envie de faire sauter les rivets pour reformer le cuir ! Alors comment faire ?
En fait ça ne change rien, il faut seulement être un peu plus contorsionniste ! Passez le poing entre les rails, et ajustez ensuite du mieux possible la position des doigts, à la forme à repousser. C’est plus délicat, mais on y arrive aussi très bien.
À ce stade, le cuir de la selle est détrempé… mais a repris sa forme, originelle ou souhaitée.
Sur cette selle, comme il y a eu un affaissement exagéré du côté gauche, et rien à droite, j’ai donc préféré remettre le cuir bien à plat.
Il faut donc commencer par essuyer doucement la selle, en tamponnant. Il vaut mieux ne pas frotter, pour préserver la fleur (le dessus) qui assure une imperméabilité (relative) à la pluie.
Une fois séché en surface, le cuir est toujours gorgé d’eau. Le but est de faire sécher la selle tranquillement, sans la brusquer.
Évitez la tentation d’accélérer les choses. Donc pas de passage au four, même tiède, de sèche-cheveux, et de toute autre forme de chaleur.
Pour s’épargner tout risque de déformation, il faut prendre quelques précautions :
Si le cuir est assez épais et que les flancs sont troués, se servir du laçage peut-être suffisant. En bourrant l’intérieur de la selle avec du papier journal, on draine le surplus d’humidité, et on oublie la selle dans un coin tempéré, quelques jours sur du papier journal.
Sinon, en étant plus prudent, comment maintenir les flancs bien verticalement ?
Surtout pas de fil de fer, de fil électrique, de colliers rilsan, ou ty-rap pour retenir les flancs. Il faut éviter tout ce qui pourrait marquer facilement (et irrémédiablement) la fleur.
Le plus prudent est de faire une « momification » de la selle.
De vieilles chambres à air ont l’avantage d’une élasticité ferme, (un peu plus souple si les chambres sont en latex) mais gardent l’humidité dans le cuir. La selle sera donc plus longue à sécher.
Pour éviter cela, préférez les bandes de type Velpo Crêpe, qui elles aussi sont élastiques, mais ont l’avantage de bien drainer humidité.
Méfiez-vous des modèles fins, sans tenue ni élasticité, de type Nylex qui possèdent une bonne capacité de déformation, et donc d’adaptation à la forme de la selle, mais qui sont plus difficiles à bobiner, et ne pourront pas vous resservir une seconde fois.
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Pour embobiner la selle plus facilement, il y a une astuce toute bête à connaître :
Dans ce sens, le déroulement de la bande s’oppose à son application sur le cuir.
La bobine se déroule dans le sens inverse des aiguilles d’une montre, alors que la selle s’embobine dans le sens horaire.
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Dans ce sens, le déroulement de la bande ne s’oppose pas à son application sur le cuir, les deux tournent dans le sens des aiguilles d’une montre… et c’est beaucoup plus facile !
Si la subtilité vous échappe, rien de grave, entraînez-vous des deux façons… Et vous verrez vite la différence !