Dans cet article il est question de rattraper une petite déformation. Pour cela, la technique consiste à laisser la selle en place. (Pour corriger une plus grosse déformation, voir ICI. )
Après une phase de rodage plus ou moins longue, et généralement très optimiste de la part du fournisseur, une selle en cuir prend la forme de votre postérieur. C’est ainsi qu’elle devient vraiment confortable. Mais parfois avec des projections d’eau trop abondantes, le cuir se déforme de façon indésirable.
Ici, sur cette Berthoud, un « beau » nid-de-poule s’est formé aussi soudainement que mystérieusement… avec seulement l’humidité de la transpiration, et peut-être un peu de crème en provenance du cuissard !
Première chose à faire : coincer un chiffon bien serré sous la zone déformée de la selle.
Sous la pression, le cuir est déjà moins avachi.
Bien entendu cela ne résout rien, car si on retire le chiffon… le cuir s’effondre à nouveau.
Pour aider à faire remonter le creux, et éviter toute déformation des flancs, mieux vaut les retenir comme ici, avec une grosse ficelle. Surtout Pas de fil de fer, de collier de type rilsan, ni autre chose qui pourrait blesser le cuir.
Il faut maintenant fixer le cuir dans la nouvelle forme qu’on lui a donné…
… avec de l’eau, tout simplement !
Il nous faut donc de l’eau froide, à température ambiante, car il ne sert à rien de la chauffer, à part de prendre le risque de cuire le cuir (ce qui peut vite arriver… ) et déminéralisée, pour ne pas charger inutilement les fibres du cuir en sels minéraux.
L’eau de pluie est excellente, gratuite, mais attention, mieux vaut n’en récupérer qu’après un bon quart d’heure de forte pluie, pour être sûr que l’air soit bien rincé, et que la plupart de ses polluants aient été éliminés. Ainsi l’eau sera propre et le cuir ne s’en portera que mieux !
Faire pénétrer l’eau sur la zone concernée, par le dessus et sans frotter, pour ne pas user la fleur (la couche en surface sur le dessus de la selle). On commence par le centre du creux.
Il faut agir par tamponnement à l’aide d’un chiffon trempé.
C’est un jeu de patience, car le rôle de la fleur est d’assurer l’étanchéité (relative) du cuir sous la pluie. Il est donc normal que l’eau y pénètre difficilement.
La zone humidifiée devient nettement foncée, sauf si le cuir est noir, évidemment !
Élargir alors progressivement l’imprégnation vers la périphérie du creux.
Quand le cuir à l’air bien imbibé, rajouter un bout de chiffon sous les rails pour augmenter la poussée exercée sur le creux.
Avec la pression, le cuir reprend doucement sa forme… à condition d’avoir été suffisamment imprégné d’eau, ce qui peut être assez long si le cuir est sec ou épais.
Il reste alors à laisser sécher le cuir doucement et en profondeur.
Le plus prudent est donc d’attendre deux jours avant de retirer la ficelle et le chiffon… et de se remettre en selle !
Voilà le résultat, pas mal, non ?