Comme dis la chanson : des p’tits trous, des p’tits trous, toujours des p’tits trous… Bon d’accord, les crevaisons tout le monde connait, et tout le monde s’en passerait bien… Mais avec une simple rustine c’est reparti, alors on ne va tout de même pas en faire tout un fromage… Cependant, quelquefois ce n’est pas si simple, alors que faire ?
J’ai eu l’idée de cet article en revenant du BRM 600km de Laval… qui a bien faillit mal finir pour moi, et surtout pour mes nerfs, à cause de ces satanées crevaisons à répétitions. Je vous livre donc ici mes petites astuces de survie (certaines sont très connues, d’autres moins) pour ne pas avoir à rentrer à pied quand la poisse a décidé de s’en mêler :
Bien entendu, et encore plus en longue distance, il ne faut jamais s’aventurer bien loin sans chambres de secours (2, voire 3 pour la montagne) ni un bon paquet de rustines (une douzaine ne fait pas de mal, ne prend pas de place, et ne pèse rien).
Bon d’accord, pas forcément des rustines, mais plus généralement : des petites pièces de caoutchouc vulcanisé, destinées à la réparation des chambres à air de cycles. Convenez que c’est un peu plus long, alors permettez-moi d’abréger un peu, en utilisant de manière éhontée et sans être publicitairement rétribué (ceci-dit par la même occasion) une marque déposée faisant partie du fleuron de l’industrie française… ou de ce qu’il en reste…
Bref quand les fameuses pièces vulcanisées ne collent pas (je n’emploie volontairement pas ici le terme de rustine pour ne pas les dénigrer, car une rustine ça colle bien, et je ne veux pas m’exposer à un procès qui serait encore plus mufle que mon hypothétique sus-évoquée rétribution, mais encore espérée, sait-on jamais), les rustines autocollantes font parfois (toujours au sens générique) des miracles et vous sauvent la mise… en ayant gratté entièrement l’ancienne colle ou non, selon la tolérance de ces rustines. Cependant elles ne collent pas forcément toutes bien, ni forcément sur toutes les chambres… c’est la faiblesse du système. Pour ma part, je trouve les ParkTool assez efficaces. En avoir quelques-unes est donc bien utile pour les cas difficiles.
Si rien ne colle, ou si un gros pincement a fait de votre chambre une passoire, ou si vous n’avez tout simplement plus une rustine sous la main,… et que bien entendu vous n’avez plus de chambre de secours non plus, faites un nœud bien serré à l’endroit de la fuite sans couper la chambre en deux. Ainsi vous ne perdez que peu de diamètre, la chambre rentre encore très facilement dans le pneu, et tout le périmètre reste gonflé sans zone de plat… mais le nœud vous donnera une bonne secousse à chaque tour de roue, donc à chaque fois que le nœud tapera au sol… Le serrer très fort atténue un peu le problème, mais pas de miracle, on rentre ici dans le domaine des réparations de fortune… Alors c’est ça ou rentrer à pieds !
Au départ la secousse est atroce, et on pense ne pas aller bien loin ainsi… puis on s’habitue… un peu ! Cette solution reste plus supportable à l’arrière (intervertissez les chambres au cas où) car vous pouvez toujours vous ménager des moments en danseuse ou en roue-libre les fesses en l’air, et surtout les trajectoires restent assez précises, le vélo reste pilotable en bonnes descentes et/ou virages… mais prudence tout de même !
Les choses se compliquent encore, quand au bout d’un certain temps (150km avec une chambre d’épaisseur normale) le nœud finit par percer à force de taper violemment le sol… Et oui, petit à petit ça râpe progressivement la chambre de l’intérieur (flèche rouge sur la photo) ! Il reste alors la solution du double nœud décrite un peu plus loin…
Dans le registre des crevaisons insolites, on trouve aussi parfois la rupture d’une soudure du caoutchouc de la chambre… En principe rarissime sur une chambre de bonne qualité… Mais on arrive à voir de tout avec le bonheur « made in China »…
Dans ce cas, rien ne sert d’essayer de réparer de manière hasardeuse avec une ou deux rustines bien larges, économisez-les pour plus tard, au cas où… Pour vous en convaincre, tirez tout doucement de chaque côté de la fente… et la fissure s’agrandira sans aucun effort… Rien n’aurait donc tenu avec la pression ! Là encore, la solution du double nœud s’impose.
Voici donc la solution pour les cas désespérés : on coupe tout simplement la chambre au niveau de la zone de fuite(s). S’il reste des trous vers chacune des extrémités, on s’en fiche ! Ne retaillez rien, car les nœuds ne viendront pas tout à fait jusqu’au bout, donc pas jusqu’aux éventuels trous secondaires. Les nœuds seront donc serrés en gardant la longueur maximum de chambre encore en état. Et même si la zone des fuites est assez étendue, ne recoupez rien, le caoutchouc inerte servira un peu de »rembourrage ».
Avec des nœuds bien serrés et bien positionnés, c’est reparti pour un tour… Sauf qu’avec la perte de longueur de la chambre, les deux bouts ne sont pas forcément jointifs… Dans ce cas, il y aura un gros plat chaque tour de roue, encore plus désagréable qu’avec la technique du simple nœud, et surtout assez vite potentiellement destructeur pour la jante. Rentrer c’est bien, sans casser la roue, c’est mieux !
Alors comment faire ?
Ici l’imagination est au pouvoir ! s’il ne manque que quelques centimètres, une poignée d’herbe fraîche bien tassée (sans rien de piquant pour ne pas crever à nouveau !) peut faire l’affaire… Une barre de céréale aussi, malaxée pour la mettre en forme. Et s’il y a plus long à combler, une chaussette roulée bien serrée (quitte à en arracher un bout avec les dents !) ou un gant peuvent vous tirer d’affaire. Évitez bien entendu les imperfections du bitume et ne roulez pas trop vite, pensez à votre jante !
Et pour les cas plus encore plus désespérés, il reste la solution, hélas très prisée quand pendant la 2ème guerre mondiale il y avait pénurie de tout… Faute de mieux, on bourrait alors les pneus de paille. Bon d’accord, c’est plus délicat à réaliser avec des pneus fins. À l’époque les pneus étaient plus larges, mais ça fonctionne, à condition de bien tasser. Il vaut mieux ne pas aller trop vite, et faire des changements de direction tout en douceur, pour éviter les risques de déjanter, surtout avec les pneus modernes à tringles souples. Pour finir, je ne vous cacherai pas que le confort et la tenue de route sont vraiment médiocres… Mais la survie, c’est la survie !
Et si jamais l’obus de valve de votre chambre venait à casser pendant le regonflage, ce qui peut toujours arriver avec l’instabilité de l’embout des mini-pompes, voici comment faire un obus de valve de secours.