Présentation :
Ce vélo de marque inconnue, récupéré de justesse sur un tas d’ordures, mérite bien d’être remis en état ; mais attention, en le conservant dans son jus. Pas question de le repeindre ni de le dérouiller !
Il manque bien quelques pièces (vous pouvez jouer à chercher lesquelles) mais l’essentiel est là !
Non, non, la photo de ce côté n’est pas trop claire ! La gauche du vélo est tellement délavée que le vert a presque viré au jaune !
Ce vélo a certainement été adossé une éternité contre un mur, le côté gauche offert sans modération à la brûlure du soleil et la morsure des intempéries.
Aux abonnés absents…
Sans plaque de cadre, ce vélo se la joue incognito. Dommage ! Seul indice : la silhouette en forme d’écusson en peinture plus foncée.
Curieux, cet écrou en bas de la fourche. Il est , prévu pour recevoir un ressort d’étrier de frein alors qu’il n’y a aucun vestige du reste, même pas une trace moins rouillée sur le guidon trahissant un levier de frein retiré.
Ce fameux écrou servait peut-être à recevoir un frein avant considéré comme une option à l’époque ? Peu probable, mais pourquoi pas, vu que le freinage est assuré à l’arrière par rétropédalage.
Plus probablement, le frein avant a été récupéré pour être monté ailleurs, mais dans ce cas, pourquoi en avoir laissé un bout en place, et pourquoi il n’y a pas de trace de montage d’un levier de frein au guidon ?
Le poste de pilotage d’un dépouillement total.
Ce guidon est étrangement relevé pour bien casser les poignets !
Finesse et élégance pour une jolie potence.
La partie supérieure de la sonnette a joué les filles de l’air, tant pis pour elle…
Le pneu et la chambre ne sont également plus de ce monde.
Pas bien grave. L’arrière confirmera ce que je pensais : il s’agit de 650B.
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Il manque un phare pour trôner sur ce magnifique garde-boue enveloppant « Le Parisien ».
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La dynamo est partie pour un monde meilleur, elle aussi…
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Le garde-boue a dû rencontrer une troupe de mites bien voraces !
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Même sans cabochon, la base du feu arrière est une jolie pièce, non ?
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La roue arrière tourne comme une patate, pas étonnant, il manque un rayon.
Comme les rayons restant sont plutôt rouillés, avec leurs écrous grippés… il risque d’y avoir de la casse en dévoilant la roue !
Le goût du luxe :
Si je vous dis que c’est un vélo grand luxe, vous me croyez ?
Pourtant j’ai une preuve irréfutable, c’est écrit dessus : « Type Luxe » !
Le carter de chaîne est plutôt impressionnant. Il faudrait vraiment le faire exprès pour arriver à se graisser le bas du pantalon ! Mais le côté massif fait aussi tout le charme des vélos porteurs.
Remarquez au passage que le cadre est prévu, avec sa petite plaque à deux trous, pour être équipé d’un dérailleur.
L’inévitable petite sacoche destinée à contenir l’outillage de bord et quelques rustines. En espèce de plastique vert défraîchit, elle va bien avec le vélo, même si elle n’est probablement pas d’époque.
Le porte-bagages a dû bien servir, il est fêlé de partout… mais il tient le coup. Le tout est de s’en rappeler pour ne pas s’en servir !
Les corps de pédale dansent un peu la gigue. Normal, les écrous situés en bout des caoutchoucs sont manquants.
Une fois des écrous remis, et bloqués au frein-filet pour ne pas les perdre à nouveau, cela va beaucoup mieux.
Un écrou restant. Il est certainement d’origine, remarquez le trou qui n’est pas centré…
Avec une visserie pareille, le vélo ne doit pas être si jeune que ça !
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.Le moyeu arrière est plutôt massif, mais il accueille le frein par rétropédalage.
La chaîne est fatiguée, bien allongée, mais pour un vélo utilitaire cela n’a rien d’étonnant.
Comme pignon et plateau ne sont pas trop marqués, son remplacement ne posera pas de problème de saut ou de déraillement.
Une fois un peu dépoussiéré, le moyeu arrière se révèle être un grand classique du rétropédalage : un Torpedo.
Aux essais :
Et hop, deux chambres, deux pneus, une chaîne, une (horrible) selle provisoire, et on passe aux premiers essais…
Y compris vestimentaires !
La suite :
Avant toute chose, vu l’état général du vélo et ne sachant pas depuis combien de temps il n’a pas été entretenu, une bonne révision de la pièce maîtresse de l’engin s’impose ; je veux parler de ce fameux moyeu Torpédo.
Tous les détails ICI..
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Réviser le moyeu avant est bien entendu beaucoup plus simple…
… Il suffit de ne pas perdre de billes. Donc pas comme ici, où j’en ai trouvé neuf d’un côté et huit de l’autre.
Mais comme ces fameuses billes sont des traditionnelles 1/4″ (ou 6,35mm si vous préférez) pas de problème pour en retrouver une.
La graisse n’est plus qu’un vieux souvenir dans tout ça, soit totalement absente des billes trop brillantes pour être honnêtes, soit transformée en une horrible boue noire séchée.
Après un bon nettoyage, toutes les pièces se révèlent en bon état. J’ai déjà vu bien pire sur des vélos plus récents.
Petit à petit je complète ce vélo, mais il faut trouver vite et si possible sans trop de faute de goût, car je n’ai pas beaucoup de temps d’ici l’Anjou Vélo Vintage où je dois me rendre avec cette vénérable monture.
Un phare dans le même jus que le reste, une paire de pneus (un peu trop neufs et pas assez ventrus, mais tant pis), et le vélo est déjà plus « habillé »…
Surtout en ayant déniché cette selle (et un tube du bon diamètre) au cuir bien craquelé comme il faut. Les écailles se sont bien aplaties après une bonne réhydratation du cuir, et la selle reste dans le ton. Rassurez-vous, elle est prise en gros plan pour bien montrer la texture du cuir, mais elle n’est pas si impressionnante en réalité !
Ouf, j’ai maintenant le minimum pour pouvoir faire ma ballade historique autour de Saumur, mais j’espère pouvoir faire mieux d’ici là.
Et plus si affinités :
Pour remplacer l’horrible moignon agonisant sur le guidon, j’ai déniché en Belgique cette sonnette bien peu conventionnelle !
Elle est plutôt imposante en gros plan, mais elle a une belle patine, et elle a de la gueule ma sonnette, pour un vélo utilitaire ?
Et le plus étonnant est le son, qui rappelle le coassement d’une grenouille !
Pour la dynamo, je n’ai rien trouvé d’extraordinaire.
Alors j’ai monté ce que j’avais sous la main : cette belle bouteille en aluminium.
Bien entendu la molette de la dynamo ne frotte pas sur le garde-boue, c’est une illusion due à l’angle de la photo.
Voici donc le vélo complété.
Même si des détails, comme l’éclairage qui n’est pas opérationnel, sont encore à régler, ce vélo, ou plutôt cette bicyclette, est prête à (re)prendre la route.
Le vélo, et son pilote, vus lors de la première édition de « l’Anjou Vélo Vintage ». Il assurera les 98 km du grand parcours sans problème… à part le carter de chaîne qui s’est desserré et la clavette gauche du pédalier qui a commencé à s’autodétruire !
Pas trop mal pour un vélo qu’on ne connaît pas, à peine sorti d’un tas d’ordures, à peine essayé et à peine révisé.
Alors, il n’est pas beau, mon porteur ?
Après coup :
Et voici la coupable, la clavette qui faisait danser la gigue au pédalier. Remarquez comment elle est mâtée et bien entamée.
Je l’ai retirée sans problème grâce à mon outil fait maison : tous les détails ICI.
I’m sorry, but who are you ?
Maintenant, se pose la question de l’identification.
Pour essayer d’avoir une datation approximative, un bon indice est de trouver le code inscrit sur le moyeu Torpedo.
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Une lettre frappée indique l’année, de 1858 à 1988.
Ça, c’est pour la théorie.
Mais ici, il n’y a pas de lettre, mais un chiffre et rien d’autre, le 3 ! Mauvaise pioche.
Logiquement le vélo doit être antérieur à 1958, mais je ne peux pas en déduire autre chose !
Ce vélo pourrait être un Monet-Goyon Gémo G.10 (demi-luxe)… ou peut-être MO.10 (série luxe) d’après les renseignements qu’on peut trouver ICI.
La silhouette sur la colonne de direction épouse parfaitement la forme de cette plaque Gémo…
Mais la plaque comporte 3 trous de rivets, et le cadre seulement 2 !
Et puis deux choses ne collent pas trop :
- Le descriptif indique : « garde-boue très enveloppants à flasques sur les côtés »… Mais je n’ai pas de flasques sur les côtés. Il n’y a aucune trace de démontage de ces joues, donc mes garde-boue ont gardé leur forme d’origine… Qui ne correspond pas !
- Je n’ai pas trace de l’emblème sur le carter de chaîne… Et est-ce que mes filets correspondent ? Je n’en sais rien !
Ici l’écusson Monet-Goyon tient avec deux rivets, la forme du feu arrière et des garde-boue correspond ; le carter de chaîne aussi, et ne comporte pas de trace d’emblème. Tout va bien… sauf les raccords de colonne de direction, assez typiques de la marque mâconnaise !
Sur cet autre porteur Monet-Goyon, le carter de chaîne correspond et ne comporte pas de trace d’emblème. Les raccords de colonne de direction se ressemblent vraiment… Mais il y a hélas ces garde-boue enveloppants, et la décoration n’a rien à voir !
En mixant les caractéristiques de ces deux vélos, le mien pourrait correspondre… Comme pas du tout ! La décoration originale de mon vélo me laisse perplexe.
Voici une autre piste qui me semble plus crédible avec ce Vélostars.
Ici le carter de chaîne, le feu arrière, le porte-bagages et les raccords de colonne de direction correspondent… Mais hélas il y a toujours ces satanés garde-boue enveloppants, tout du moins à l’avant !
Par contre, il y a un petit plus : la décoration avec les filets du cadre en V.
Ici on retrouve les mêmes filets se terminant en une sorte d’épi vers la colonne de direction.
Sur les deux vélos, on les retrouve aux mêmes places et orientés dans le même sens. Avec les autres similitudes, la ressemblance est troublante, non (mis à part le quatrième filet manquant sur le carter de chaîne) ?
Si vous avez une autre idée, n’hésitez pas à laisser un message. Merci d’avance !