Comme dit l’adage : jamais deux sans trois. Ce brevet je connais, je l’ai déjà fait en 2007 et 2011. Le parcours reste inchangé, identique d’année en année, alors normalement je devrais être en terrain connu… si ma mémoire est bonne. Mais depuis 3 ans, sait-on jamais ? Je me rappelle qu’à chaque fois, entre les contrôles de Mont-Saint-Père et Rebais, j’ai trouvé la route fastidieuse, car assez dégradée et bien venteuse. Est-ce que l’édition de cette année sera fidèle à cette impression ?
Samedi 22 mars, la météo a prévu vent et pluie pour aujourd’hui, il faudra faire avec. Le petit matin est sec, mais les nuages semblent filer bien vite dans le ciel… Je ne sais pas si c’est lié à un temps qui est annoncé comme maussade et pluvieux, mais cette année il n’y a pas beaucoup de cyclos au départ… En tout cas par rapport à la foule qu’on peut trouver sur les BRM de région parisienne, et en particulier ceux de Noisiel… surtout les années de Paris-Brest-Paris.
C’est parti un peu avant l’aube. Aucun souci de navigation, le début du parcours emprunte des routes Seine-et-marnaises qui me sont familières. Vers Tigeaux, un peu de gravillons en virage m’attendent sur ma trajectoire. Rien de grave, les pneus en 650b sont sécurisants et ne s’en laissent pas compter, ça passe sans arrière-pensée. Je vois le panneau d’entrée dans Serbonne à droite, il me rappelle vaguement quelque chose, je manque presque le pont… mais comme en toute logique il ne doit pas en avoir plusieurs dans les environs pour traverser le Grand Morin, je change donc de rive pour suivre le cours d’eau, et je reconnais aussitôt le chemin. À La Chapelle-sur-Crécy, mes souvenirs sont de nouveau nébuleux, la montée à droite me paraît vaguement connue. Je corrige la trajectoire en prenant la rue suivante, toute aussi pentue… et qui débouche elle aussi au même croisement avec la D21. En montant la longue bosse en direction de La Haute-Maison, un imbécile se rabat dans ma roue avant. Je fais un écart à droite, mes gros pneus n’ont pas peur du bas-côté mais tout de même ! Le malotru se déleste ensuite d’un bon crachat bien gras… Le glaviot atterrit fatalement sur moi ! Voilà aussi pourquoi je n’aime pas les 200 : c’est trop court pour se dire qu’on est dans de la longue distance, mais les « cadors » viennent pour faire un temps sur ce qu’ils pensent être un grand parcours, forts de leur supposée »supériorité » sur le lent que je peux être, et avec le respect approximatif des autres, au lieu de prendre cela humblement pour un vulgaire hors-d’œuvre. À part pour disperser les postillons, le vent présent dès le départ n’est pas franchement gênant, mais curieusement il me faut pédaler pour maintenir une bonne vitesse en descente… il doit donc souffler quand même un peu. Après Pierre-Levée, enfin une descente où je peux néanmoins en profiter en roue libre.
En passant par Jouarre, deux gouttes se mettent à tomber, pas trois, juste deux ! Même chose à Luzancy, mauvais signe. Ça se précise, la pluie annoncée sera probablement bien au rendez-vous. Le crachin se met à tomber vraiment, juste en passant devant le panneau d’entrée en Picardie. Hasard ou coïncidence ? En tout cas la synchronisation est parfaite ! Je souris en me disant que le climat habituel de la région est fidèle à sa réputation. J’ai les plaisirs simples, chacun s’amuse comme il peut ! Comme d’habitude, je suis enrhumé par le passage les U.S Métro. Je ne cherche surtout pas à les suivre, je sais que ne suis pas de taille. Je les laisse filer, les gars sont des costauds. Voilà maintenant la route touristique du Champagne. Je l’ai parcouru un certain nombre de fois, mais surtout dans l’autre sens, et la plupart du temps de nuit. Alors ce matin, même sous la pluie, les églises me paraissent plus majestueuses que d’habitude. L’appareil photo n’en sera pas témoin, par prudence il est rangé au sec depuis un moment. Il ne ressortira que quand le temps se montrera moins humide… Bien plus tard dans l’après-midi. En sortant de Château-Thierry, j’ai un doute face à la bifurcation de la route principale, puis en me rappelant mes virées nocturnes en sens inverse – comme sur mon Paris-Bouillon-Paris – je continue en toute logique sur le chemin au plus près des bords de Marne. Mont-St-Père n’est plus très loin, pour le premier pointage.
Quasiment la moitié est faite, tout va bien, même si le crachin est toujours présent. Inutile d’espérer qu’il se calme, je repars sans m’attarder. Jusque-là, ma progression a été assez rapide, mais maintenant je me méfie de l’état de la route, et du vent. Ce tronçon entre les deux pointages intermédiaires, peut être aussi rugueux que venteux ! Bonne nouvelle, le bitume n’est pas aussi dégradé que dans mon souvenir, mais depuis le temps l’asphalte a bien eu le temps d’être refait… Et mes gros pneus apportent sans doute aussi un peu de mieux. Pour le reste, mauvaise nouvelle… En virant au sud, comme je le redoutais, le vent devient assez gênant. Ma vitesse moyenne perd 8 km/h ! Je ne cherche pas à me battre inutilement, et à certains moments je me contente de mouliner patiemment sur mon plateau de 26 dents ! L’avancée est pénible, le crachin tombe toujours à un rythme plus ou moins fort. Il mouille à peine plus que ce que le vent arrive à assécher. Seule la route arrive à être trempée, de quoi rendre rapidement le vélo bien crasseux, même si le bonhomme reste plus ou moins sec. La-Celle-sous-Montmirail, en virant à l’ouest, bizarrement le vent est toujours aussi présent et gênant. Un petit répit aux alentours de Verdelot me fait du bien, mais le souffle reprendra à l’approche de Rebais. La pluie de cette première partie d’étape a fini par s’estomper doucement, laissant une route à peine humide… Un soleil timide marque mon arrivée, en début d’après-midi à Rebais, pour y faire le second pointage.
En repartant, le vent est naturellement toujours aussi présent. Mais la pluie, elle, a abandonné la partie, elle ne redeviendra pas. En étant optimiste, autant voir le bon côté ses choses : il ne reste plus que 60km à supporter Eole. Peut-être un peu fastidieux, mais rien d’insurmontable. En repartant, j’oublie par inattention de tourner sur la D19, en suivant des gilets fluorescents que je vois tout droit au loin… Font-ils partie du brevet et ils se seront perdus comme moi ? Ou alors sont-ils simplement des cyclos n’ayant rien à voir avec nous ? Qu’importe. Je ne m’en aperçois qu’à Boissy-le-Châtel, un peu tard, où je prends la D37 pour rejoindre St-Germain-sous-Doué. À Faremoutiers, je ne me fais pas piéger par le tournant à droite qu’il faut prendre dans le centre-ville. Cette fois-ci le m’en aperçois vite, un demi-tour et tout rentre dans l’ordre.
En tournant à droite sur la D20 vers Dammartin-sur-Tigeaux, le vent est maintenant de travers… ayant tendance à me pousser dans le bas-côté. C’est toujours mieux que de l’avoir de face, mais je ne peux pas arriver à rouler droit en étant à la verticale ! Je suis obligé d’avancer légèrement incliné pour ne pas être déporté. Je roule en crabe, mais ma vitesse augmente subitement d’une manière appréciable… jusqu’à Tigeaux, où je reprend le cap vers l’ouest… pour une fois de plus retrouver ce fameux vent ! Je grimpe tranquillement la fameuse côte à l’entrée de Tigeaux – celle en sortie du village est beaucoup moins raide – qui m’a laissé le souvenir d’une montée terrible sur mon vélo à 3 vitesses des années 1920 ou 30 que j’avais pris lors de La Patrimoine. Arrivé à Villeneuve le Comte, je m’arrête quelques minutes sur un banc de la grande place. Même si le soleil n’aura pas été présent bien longtemps sur cette randonnée, la température a quand même finie par grimper à 14°C. J’ai un peu chaud, mais je préfère garder mon imperméable. Je me contente juste de l’ouvrir largement… Sait-on jamais s’il doit resservir ! Le chemin est maintenant très familier. Dans une petite heure, je serai arrivé à Noisiel… finalement encore au sec. Merveilleux !
La fin d’après-midi est encore loin, mais il me reste encore à rentrer chez moi. Et comme ce sera toujours en suivant le même cap, pas de miracle, ce sera donc encore en lutant contre ce satané vent, mais comme l’urbanisation le rendra assez vite moins violent, j’aurai enfin le dessus ! Bref, malgré la courte distance, le vent à compensé en intensité ce que n’ont pas apportés les kilomètres. Ce fut donc tout de même une belle sortie… mais pas au sens météorologique du terme ! Comme quoi on peut faire trois fois le même brevet… suivant trois fois le même parcours… tout en étant trois fois différent.
le parcours ICI