Les manettes indexées 3v Huret Sensomatic & Sensosaver

Maintenant que les cassettes s’encombrent d’une bonne douzaine de pignons, un système d’indexation pour roues libres à trois vitesses pourrait ressembler à une grosse plaisanterie, et pourtant la chose a existé, en particulier avec les manettes de commande Huret Sensomatic 3 (à gauche) puis Sensosaver (à droite). Bon d’accord, ça ne date pas d’hier, et il faut remonter dans le temps jusqu’à la fin des années 70, début 80… au siècle passé, quoi !Les deux manettes sont quasiment identiques. Seuls les capots (pour leurs inscriptions) et la plaque d’indexation (pour l’emplacement et la largeur des rainures) changent très légèrement.

La différence n’est pas flagrante.

On la perçoit plus facilement en superposant les deux types de plaques : Sensomatic 3 à l’avant et Sensosaver à l’arrière.

De façon plus subtile, l’écartement entre les « oreilles » des plaques (flèches vertes sur la photo) est de 12,5mm pour le Sensomatic 3 et 13mm pour le Sensosaver, sans doute pour compenser la différence de profils des rainures.

En fonctionnement, le résultat est plutôt efficace : fiable et précis quand il est encore opérationnel… Et c’est bien là tout le problème ! Effectivement, pour une raison mystérieuse, souvent les vitesses passent mais ne tiennent plus. La manette ne reste pas enclenchée mais revient toujours en 1^ère position. En observant le mécanisme, surprise, il y a environ 2mm de jeu entre la plaque en acier (sur laquelle est vissé le capot) et l’autre plaque (crantée assurant l’indexation)… Donc aucune chance que ça accroche. Ce défaut est assez courant, comme si une pièce – en caoutchouc, en feutre ou en plastique – s’était désagrégée avec le temps et avait disparu.

Pour mieux comprendre, voici la composition et l’emplacement des pièces du mécanisme ; évidemment, au montage la plaque d’indexation est retournée, les rainures contre les barres en relief de la manette.

Même si la cause du dysfonctionnement reste inconnue, le corriger est tout à fait possible… Et même très facile, il suffit de supprimer le jeu !

Voilà pour le principe. En pratique, il ne faut combler cet espace avec rien de rigide, il faut un mélange de souplesse et de fermeté.

• Les rondelles agressives ne conviennent pas ; elles ne sont pas conçues pour les assemblages mobiles et bloqueraient le mécanisme : Grower, éventails, et rondelles freins de toutes sortes sont à fuir.
• Les rondelles élastiques non plus (sauf à en trouver de particulièrement souples) ; elles demandent une trop grande force d’appui qui détruirait assez rapidement le mécanisme : rondelles de manettes classiques de dérailleurs, rondelles Belleville, Onduflex, ondulées, Clover Dome, FSW3… c’est non.
• Pour se dépanner, un joint torique d’une épaisseur d’environ 2,5mm pour le Sensomatic 3 – plutôt 2mm pour le Sensosaver – peut faire l’affaire. La souplesse du caoutchouc permet un bon enclenchement de la manette avec fermeté, faisant entendre le fameux « clic » de la publicité Huret d’époque. Seul problème, un joint torique n’est pas fait pour travailler en rotation (et il y a une légère rotation de la plaque en acier lisse contre laquelle est plaqué le joint) alors une goutte d’huile pourra l’épargner en utilisation intensive.
• La solution idéale sera apportée avec un petit ressort de compression conique… Dont le seul défaut est d’être moins facile à trouver qu’un simple joint torique !

Une fois la pièce manquante trouvée – joint torique ou ressort de compression conique – il ne faut pas oublier au remontage de graisser légèrement l’axe sur lequel tourne la manette, et surtout les rainures de la plaque d’indexation. Attention, elle a un sens, celui de la photo (c’est pour vous montrer, il faut bien sûr tourner les rainures de la plaque vers la manette).

En mettant la plaque d’indexation tête en bas (comme indiqué avec la croix rouge), le pignon central ne sera pas indexé. Ça peut être intéressant… Si vous ne voulez pas de l’indexation !

Il ne reste plus qu’à refermer le tout en vissant à fond la vis chromée… Attention à ce que le ressort ou le joint torique reste bien à sa place en remettant le capot.