Dans un précédent article je vous présentais comment reconditionner un moyeu pour cassette Sachs Neos. Malgré un air de famille, la procédure est différente.
Ce modèle 3000 – facilement reconnaissable puisque c’est écrit dessus – est resté fidèle à la traditionnelle construction par cônes / billes / cuvettes, et ne dispose donc pas de « vrais » roulements à billes. La fabrication de ces moyeux est robuste… sauf en ce qui concerne le ressort de rappel des cliquets, qui lui, est très fragile. Voyons ça en détail :
- L’axe dispose d’un montage classique. À l’aide de deux clés plates de 15 (pour le cône) et 17 (pour l’écrou), dévisser l’écrou du côté opposé à la cassette. Si la clé de 15 n’est pas suffisamment fine, l’entretoise l’empêchera de passer. Dans ce cas, comme il n’y a pas beaucoup d’effort à supporter, on peut s’en sortir avec une clé de 16mm d’épaisseur conventionnelle pour maintenir le cône.
- Retirer l’écrou ainsi que l’entretoise.
- Dévisser le cône et retirer les 9 billes de 6,35mm (ou 1/4″). Ici elles sont belles, brillantes et apparaissent encore graissées, c’est déjà une bonne chose !
- Retourner la roue puis sortir l’axe. Un petit joint cache-poussière en caoutchouc vient avec le cône, sinon le récupérer au-dessus de la chicane métallique du corps de roue libre (devant les billes, dégueulasses de ce côté-ci).
- Récupérer l’autre série de 9 billes de 6,35mm (ou 1/4″) sans les mélanger, au cas où il y aurait une différence d’usure entre les deux côtés (en caricaturant, si un est resté bien graissé et l’autre est sec et poussiéreux).
- On a maintenant accès au corps de roue libre. Sous la crasse apparaît une cuvette dotée d’une empreinte en étoile. La cuvette est serrée très fort et se dévisse dans le sens horaire. Pour cela, il faut une grosse clé BTR de 17mm. Comme l’empreinte est très peu profonde, l’extérieur d’une clé creuse type Nervus (en bas sur la photo) ne convient pas et dérapera tout de suite. Le serrage considérable et l’empreinte à peine marquée demandent une clé d’excellente qualité – longue de préférence – une bonne poigne et surtout d’être bien stable… et même ainsi, on peut riper facilement ; c’est la partie la plus délicate de cette remise en état.
- Une fois la cuvette complètement dévissée – elle reste prisonnière dans le corps – soulever délicatement le corps de roue libre. Les deux cliquets apparaissent, ainsi que le chemin de billes inférieur. Ici tout est noyé dans une bouillasse de graisse qui colle les cliquets au fond de leur logement, et les empêche d’être réactifs. Voilà l’explication des ratés d’engagement de la roue libre. Avant toute chose, il faudra soigneusement nettoyer tout ça !
- Récupérer les 25 petites billes de 3,175mm (ou 1/8″) puis écarter le ressort – sans trop le déformer – à l’aide d’une fine lame de tournevis pour retirer les deux cliquets.
- En cas de mauvaise surprise, si le ressort – très fragile – est cassé en deux, expliquant aussi le défaut d’engagement des cliquets, il faut le recréer, pas le choix ! Pour cela, de la corde à piano de 0,7mm (ou 0,725mm) va résoudre le problème… La former en un anneau terminé par un ergot. Faire un diamètre un peu plus petit que d’origine (pour mieux agir en compression sur les cliquets) car même si la corde à piano permet de réaliser de bons ressorts de dépannage, ce ne sera pas pour autant un véritable ressort (sinon on ne pourrait pas changer sa forme définitivement, CQFD).
- Les dernières pièces à séparer se trouvent à l’intérieur du corps de roue libre. En le retournant, on aperçoit au fond – au pourtour de l’envers de la cuvette – 25 autres petites billes de 3,175mm (ou 1/8″) formant le chemin de billes supérieur.
- Pour libérer les billes, il faut retirer la chicane en tôle sans la déformer. Le corps de roue libre posé sur l’établi, un coup ferme de maillet suffit – par l’intermédiaire d’une grosse douille – à la faire glisser.
- Retourner le corps et retirer à la main la chicane, la cuvette et les 25 billes de 3,175mm (ou 1/8″).
- Après un bon nettoyage, les dents de loup sont bien dessinées, pointues ; les cliquets également, rien d’émoussé. Tout va bien, c’est du costaud, on peut procéder au remontage.
- Faire passer la gorge d’un cliquet dans le ressort puis les présenter sur le moyeu, l’ergot aux alentours de son logement (1 des 2 étroits, les logements larges accueillants les cliquets). Ne pas engager tout de suite le ressort complètement dans la gorge centrale du moyeu (flèche verte).
- Écarter légèrement le ressort – à l’aide d’une fine lame de tournevis – pour y glisser le 2ème cliquet. Attention au sens des cliquets : la partie la plus enflée des cliquets prend place dans la partie la plus creusée des logements.
- Positionner le ressort entièrement dans sa gorge, avec sa partie recourbée placée dans un des deux logements étroits du moyeu. Une fois en place, les cliquets doivent s’écarter nettement en périphérie, sans avoir à y toucher. S’assurer qu’ils s’écartent fermement après les avoir rabattus avec les doigts sur le moyeu. Sinon, ne pas hésiter à retendre le ressort en le déformant régulièrement, pour réduire son diamètre.
- Remettre provisoirement le corps de roue libre en tournant dans le sens antihoraire (pour enclencher les cliquets dans les dents de loup) et vérifier leur fonctionnement (et celui du ressort de rappel). Ils doivent émettre un cliquetis net, franc et sonore… Sinon, le ressort n’est pas assez serré. Une fois que le contrôle est bon, retirer le corps de roue libre et graisser le chemin de billes en ne débordant pas vers les cliquets.
- Remettre les 25 billes de 3,175mm (ou 1/8″) bien plaquées vers le centre. La graisse permet de les faire tenir en place le temps du remontage, ne pas en mettre trop au risque de coller plus tard les cliquets dans leurs logements. Remplacer les billes si elles comportent des traces d’usure ou de piquetage.
- Graisser légèrement le chemin de billes de la cuvette, et replacer dessus la (ou les) rondelle(s) de calage.
- Replacer les 25 billes de 3,175mm (ou 1/8″) bien plaquées vers le centre de la cuvette.
- Présenter le corps de roue libre et l’emboîter sur la cuvette.
- Faire glisser l’ensemble vers le bord de l’établi et glisser un doigt par en dessous pour faire remonter délicatement la cuvette, puis retourner l’ensemble.
- Le présenter doucement sur le moyeu en tournant dans le sens antihoraire pour engager les cliquets. S’assurer qu’ils fassent un petit bruit franc métallique dans le sens antihoraire, et se verrouillent fermement et sans hésitation dans le sens horaire.
- Revisser la cuvette à l’aide de la clé BTR de 17mm. Attention aux risques de ripage, mais ne pas hésiter à serrer très fort. À cause de la faible profondeur de l’empreinte, je déconseille par contre l’utilisation de frein filet, pour ne pas empêcher un démontage futur.
- Huiler lentement l’interstice entre la cuvette et le corps, en faisant tourner le moyeu en roue libre pour faire descendre l’huile dans le mécanisme. Quand le bruit des cliquets se fait plus discret, arrêter d’huiler.
- Graisser les deux grands chemins de billes du moyeu, en évitant d’être trop généreux du côté cassette, pour ne pas – à l’usage – faire pénétrer trop de graisse dans le mécanisme.
- Du côté cassette, plaquer les 9 billes de 6,35mm (ou 1/4″) bien en périphérie de la cuvette. Ensuite remboîter la chicane en tôle, pas trop profondément pour ne pas frotter contre les billes, et au contraire assez rentrée pour laisser libre le filetage – et le passage – de l’écrou de serrage de la cassette.
- Graisser le cône de l’axe et le remettre en place… en n’oubliant pas d’y replacer le petit joint cache-poussière en caoutchouc, sa rainure en creux dirigée vers l’intérieur, c’est-à-dire vers la chicane en tôle.
- Retourner la roue et plaquer les 9 autres billes de 6,35mm (ou 1/4″) bien en périphérie.
- Graisser le cône et le visser sur l’axe, puis placer l’entretoise et visser l’écrou.
- Pour finir, il ne reste plus qu’à régler le jeu aux roulements, en agissant sur le cône et l’écrou à l’aide des deux clés plates du départ.
Merci beaucoup pour ce tutoriel très détaillé et très clair. Sans cette aide je n’aurais pas pu démonter mon corps de roue libre et le remettre en état. Les cliquets étaient collés par la graisse et la cassette n’entrainait plus la roue. Après un bon nettoyage ça refonctionne comme une horloge suisse ! 🙂