Les copeaux et les bavures qui trahissent l’usure de votre transmission vous inquiètent ? Dans un article précédent (voir ICI) nous avons vu le cas assez simple de la chaîne. Abordons maintenant celui plus nuancé des pignons…
Comme la chaîne s’allonge en s’usant, il faut bien qu’elle continue à se positionner confortablement… au creux des dents des pignons… qui s’usent donc eux aussi pour lui laisser le passage. Cela ne pose en pratique pas de problème jusqu’à un certain point. Mais quand intervenir… ou pas ?
Quelques cas simples :
Ici les dents ne présentent pas d’usure particulière, à part une (ou quelques) dent(s) isolée(s). On peut donc limer sans crainte cette petite bavure disgracieuse.
Ici, ce copeau est sur le point de se détacher de la dent. On ne gagnerait rien à le laisser… sauf à vouloir mettre de la limaille dans la chaîne !
Donc là aussi, autant le retirer… De toute façon il est prêt à tomber.
Cas plus délicats, qui demandent réflexion :
Ici les copeaux ont envahi toutes les dents, il faut intervenir… mais attention, avec modération ! En effet, la chaîne a déjà trouvé son chemin naturel en ripant légèrement des dents… et sans que vous vous en rendiez compte. Si vous limez trop les bavures, cette fois-ci la chaîne va riper… pour de bon, et vous vous en rendrez bien compte. À éviter donc, à moins de vouloir une bonne excuse pour changer chaînes et cassette !
Il faut juste se contenter d’écrêter le sommet des dents pour les faire ressembler à celle de droite… et résistez à l’envie d’en enlever plus !
Si vous avez compris la philosophie, ici on ne touche pas à la dent de droite. La bavure est minime, elle n’est pas gênante.
Pour la dent de gauche, nous sommes en présence d’un refoulement de métal important. Que faire ? Tout d’abord, s’il menace de se détacher, il faut le limer, mais n’en enlevez pas trop tout de suite, nous allons voir pourquoi…
Deux cas sont à considérer :
- Les croisements de chaîne n’ont pas fait perdre d’épaisseur au pignon, du fait de sa place dans l’étagement, ou parce que le cycliste est soigneux de sa transmission (ce n’est pas mon cas, je considère que toutes les combinaisons sont utilisables sur un vélo bien réglé, mais c’est un autre débat…)
- Les croisements de chaîne ont effectivement fait perdre une certaine épaisseur au pignon.
Pour savoir dans quel cas se situer, retournez votre pignon :
S’il ressemble à ceci : dents bien polies et brillantes, avec à leurs bases la ligne ondulée d’usure de la chaîne… Pas de doute, les croisements de chaînes ont été longs et répétés !
Donc dans le premier cas, vous pouvez supprimer toute l’épaisseur de ce refoulement de matière sans arrière-pensée… Et dans le deuxième cas, mieux vaut en laisser un peu pour que la chaîne continue à trouver un certain guidage latéral (surtout si plusieurs dents ont ce type de bavures), où la perte de matière de l’envers sera en partie compensée par l’épaisseur de la bavure.
Pour finir, juste pour voir si vous avez bien compris l’esprit de cet article, que feriez-vous de ce pignon ?
Il a l’air apparemment en pas trop mauvais état. En haut la bavure est vraiment minime, un peu plus importante en bas.
– Pour la dent du haut, je ne ferai donc rien.
– Pour celle du bas, juste un petit écrêtage du sommet. Facile, non ?
Voilà, nous avons vu que rien n’est forcément simple, et que tout se décide au cas par cas, pour que chaînes et pignons continuent à s’user tranquillement en symbiose… et sans vous causer de souci !
Vous êtes maintenant paré pour pouvoir tirer vos propres conclusions, mais dans tous les cas n’oubliez pas : jamais de coups de lime trop drastiques.
Bravo, tellement pertinent tes réflexions